La chronique du roman « Le trône de fer , L’intégrale T1 » de George R. R. Martin

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Le Trône de fer est un cycle culte. Fantasy médiévale avec son lot de complots, trahisons, guerres, luttes de pouvoir, il se déroule dans le royaume des Sept Couronnes. Mais plutôt que de livrer une féerie épique d’aventures et de créatures extraordinaires, George R.R. Martin laisse la parole à une multitude de personnages qui tissent à travers leurs forces et leurs faiblesses l’histoire du royaume. Et mieux qu’aucun auteur, il les fait humains. Le récit s’efface, on entre dans un monde de chair, de sang. De vie. La réalité violente et crue s’éveille au fil des relations qu’entretiennent les protagonistes. Leurs doutes, leur soif de pouvoir, d’amour se révèlent. Ils ne sont plus les pions qui participent à l’Histoire. Ils sont l’Histoire, ses faiblesses, ses accès de rage et de folie, ses rêves. Construction gigantesque aux intrigues imprévisibles, le Trône de fer est vivant. On y entre facilement, on n’en sort jamais.

Mon avis:

Le royaume des sept couronnes est sur le point de connaître son plus terrible hiver : par-delà le mur qui garde sa frontière nord, une armée de ténèbres se lève, menaçant de tout détruire sur son passage. Mais il en faut plus pour refroidir les ardeurs des rois, des reines, des chevaliers et des renégats qui se disputent le trône de fer, tous les coups sont permis, et seuls les plus forts, ou les plus retors s’en sortiront indemnes…


Voici un livre épique, digne des plus grands romans historiques, qui révèle tout le talent d’un auteur à l’intelligence exceptionnelle. Et pour cause ! Il a un tel recul sur l’histoire, une telle maîtrise qu’il tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. Moi qui me vante d’avoir un esprit d’analyse et d’anticipation acéré, je me suis fait avoir comme une bleue dès le prologue. Il est difficile de résister à la malédiction Martin. Il nous fait nous attacher à tous ses personnages… des personnages qu’il n’hésite pas à tuer sans qu’on ne le voie venir.

Avant tout, il vous faut savoir que ce livre est difficile à lire en raison de la complexité de l’univers présenté, de la myriade de personnages aux destinées uniques et d’un style très détaillé pouvant paraître lourd par moments.

Il est évident que ces constats seront autant d’arguments susceptibles de séduire un large public. Un large public dans lequel je me compte désormais.

Les livres de George R. R. Martin n’ont pas d’équivalent dans le domaine de la fantasy. Ils sont à part parce qu’ils dressent une fresque moyenâgeuse empreinte d’une essence chevaleresque et d’une sauvagerie à la limite du supportable. Le pire, c’est qu’on en redemande.


Concernant l’histoire en elle-même.

Nous entrons dans l’univers de l’auteur d’une manière brutale et sanglante, par laquelle on prend conscience que nos nerfs seront éprouvés et notre sensibilité choquée comme elle ne l’a jamais été.

Nous faisons la connaissance de la famille Stark dont le patriarche Lord Eddard dirige la contrée de Winterfell au Nord du royaume des Sept couronnes. Les personnages sont dans l’attente du début de l’hiver. Pas n’importe quel hiver. Car dans le monde de George R. R. Martin, il s’agit d’une saison mortelle, qui s’étend sur plusieurs années.

Cet hiver tant redouté est le théâtre d’une lutte de pouvoir, brutale, intense, sans interruptions. Les familles se déchirent, les alliances se forgent et se rompent au gré des intérêts de chacun. Le but ultime : s’accaparer le trône de fer, le symbole du pouvoir absolu, du contrôle du royaume des Sept couronnes.

Si ce siège mortel pouvait parler, il en dirait long sur les hommes qui y ont pris place et ceux qui les ont tué pour en faire de même.

La mort contestable du précédent roi est l’occasion d’une nouvelle guerre. Tandis que les tensions internes sont à leur apogée, un autre ennemi se rapproche : les Dothrakis. Si ce peuple barbare traverse la mer, la donne s’en trouvera complètement changée. Qui réussira à conquérir le trône et à le garder ?


Un petit bémol qui est plus que largement atténué. Je m’attendais à rencontrer plus de fantastique dans cet univers. Étrangement, il est un élément quasiment absent. Il n’est qu’une toile de fond bien lointaine dont l’existence est rappelée par les personnages. C’est en effet par leurs croyances ancestrales et leurs craintes qu’on en vient à redouter une apparition plus concrète de la menace confinée derrière le Mur, séparant le royaume des Sept couronnes des autres…


Je vais vous parler brièvement de mon personnage coup de cœur. Il est de loin le protagoniste le plus intriguant et le plus ambivalent que j’ai croisé dans l’univers de Martin : Tyrion Lannister. Il n’a rien d’ordinaire jusqu’à son physique. C’est un nain royal, une chance qui lui a permis de survivre et d’apprendre les rouages de la politique dont le principal : comment survivre. Cet être difforme et verbeux est le beau-frère du roi. Il apparaît d’emblée comme étant un manipulateur et un conspirateur de première… mais c’est bien connu, il ne faut pas se fier aux apparences. Dans les livres de Martin, plus qu’ailleurs.


Il faut persévérer pour rentrer dans l’histoire mais une fois que c’est chose faite, on ne peut qu’apprécier un univers aussi riche et aussi unique.

 

Editeur : J‘ai lu Parution : 20 janvier 2010 Pages : 785

écrit par Julie