La chronique de « Ailes de feu » de Laura Gallego García !


 

 

Ahriel est un ange, elle a pour mission d’éduquer et de protéger Marla, la jeune reine de Karish, un territoire florissant très convoité par ses ambitieux voisins.

Un jour, l’émissaire de paix du royaume de Saria est retrouvé assassiné. L’arme du crime n’est autre qu’un poignard de Karish, ne pouvant appartenir qu’à un membre de la noblesse. Une guerre, fomentée par des proches de la reine, menace d’éclater si cette conspiration n’est pas déjouée!

Lorsqu’Ahriel s’engage à y mettre fin, elle n’avait pas prévu que la situation pourrait se retourner contre elle et l’envoyer tout droit dans la prison maudite de Gorlian…

 

il sort le 31 août 2011 aux Editions BAAM!

 

Mon avis:

Les anges n’interviennent pas dans la vie des hommes, sauf lorsqu’il est question de préserver l’équilibre du monde. C’est pourquoi Ahriel accompagne Marla, la jeune souveraine de Karish, depuis sa naissance. Certains l’admirent, d’autres la craignent ou la jalousent, mais tous lui accordent le respect dû à son titre d’ange de la reine. Pourtant, le jour où elle parvient à déjouer un complot visant à saboter un accord de paix, Ahriel se fait piéger par un ennemi insoupçonné. Elle est alors exilée à Gorlian, un lieu sinistre et maudit duquel personne n’est jamais revenu et dont on ignore presque tout. Accablée par la culpabilité, Ahriel se fait un devoir de s’échapper pour mettre en défaut les conspirateurs qui l’ont dupée. Mais comment voler au secours du royaume alors même que ses ailes ne la portent plus ?


J’ai déjà eu l’opportunité de lire un livre de Laura Gallego García, Deux cierges pour le diable, un roman à part qui m’avait laissé un agréable souvenir de par son écriture fluide, son univers simple peuplé de personnages profonds auxquels on s’identifiait avec beaucoup d’aisance.

C’est ce qui fait la marque de fabrique de cette auteure, c’est ce qui fait qu’elle excelle dans le genre de la littérature jeunesse.


Dans son dernier roman, je dois bien avouer que j’ai été enchantée de retrouver sa plume si simple, qui sonne pourtant si juste.

Ce nouveau personnage, qu’elle a choisi comme narrateur, est un ange. Ce n’est pas un scoop, Laura nourrit une passion sans commune mesure pour ces créatures qu’elle avait déjà exploitées dans Deux cierges pour le diable.

Cette fois-ci, nous sommes dans la tête d’un ange tel qu’on les imagine. Des êtres magnifiques, puissants, qui ont pour seules ambitions le maintien de l’équilibre et la recherche de la justice. Autant de qualités et d’aspirations qui les éloignent des humains que nous sommes…

Pourtant, dans ce livre, Ahriel va souffrir des mêmes maux que les mortels. Elle va expérimenter la trahison et la douleur de la perte d’un être aimé.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, sa prise de conscience débute dès les premières pages lorsqu’une voix – qu’elle refuse d’entendre – celle de son objectivité angélique, lui souffle que sa protégée s’est peut-être fourvoyée…

D’espoirs en désillusions, le destin d’Ahriel s’enclenche et elle se retrouve dans une prison, privée de ses attributs angéliques, trahie par la seule humaine qui n’ait jamais compté pour elle.

Que dit-on déjà ? Que dans chaque malheur, il y a du bon ? Jamais ce proverbe ne vous aura paru aussi approprié.

Ce fut un délice d’être le témoin de l’évolution d’Ahriel, de la voir se défaire de son insupportable neutralité pour revêtir un visage plus humain, nous rappelant que les failles d’un individu sont souvent ce qu’il y a de plus beau en lui.

Pour être honnête, l’image lisse de l’ange m’a hérissée plus d’une fois pendant les vingt premières pages. J’étais prête à reposer le livre tellement je ne m’identifiais pas au personnage… Quelle idiote j’aurais été. Laura savait déjà où elle voulait emmener son lecteur.


Je n’en dirai pas plus de peur de vous gâcher le suspens, même si, au final, le dénouement est assez prévisible. D’ailleurs, on pourrait peut-être reprocher ce manque de complexité au récit… Néanmoins, je trouverais cela déplacé de critiquer ce qui permet de transporter aussi efficacement le lecteur.

En effet, pourquoi s’entêter à croire que le compliqué est nécessaire pour apprendre ? Eh bien justement. Laura nous prouve que la simplicité est une arme redoutable pour conquérir les cœurs et faire réfléchir les esprits.

Et c’est incontestablement ce qu’elle a fait dans Ailes de feu.

Le livre ne fait que 220 pages desquelles Laura semble avoir banni l’ennui et les fioritures. Aucune phrase n’est de trop, jamais le lecteur ne se sent perdu. Au contraire. Il est happé dans ce monde et adopte la cadence infernale que l’auteure impose à son personnage. Ahriel évolue vite mais bien. Tout est crédible et même plus. L’émotion est au rendez-vous qu’elle ait pour origine le bonheur ou la souffrance.


Je salue le talent de Laura pour avoir su encore une fois nous donner une belle leçon d’humanité en nous faisant vivre aux côtés d’Ahriel l’apprentissage de la vie, de l’amour et de ses dérives.

N’hésitez pas à lire Ailes de feu pour comprendre ce qu’Ahriel a compris à ses dépens : ce n’est pas notre nature qui nous rend humain, ce sont nos actes et notre capacité à choisir notre destinée.


Merci beaucoup pour ce service presse tout en légèreté qui prouve que le talent espagnol est peut-être la solution pour rendre la fantasy moins indigeste.

 


écrit par Julie