La chronique sur « La mauvaise élève » de Alessia Gazzola

Une Bridget Jones médecin légiste… Un mélange vraiment sympa.

 Savant mélange de Kay Scarpetta et de Bridget Jones, déjà un phénomène en Italie, ou ses aventures ont séduit plus de 70 000 lecteurs !

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Etudiante en médecine légale et fashion victim, Alice Allevi est une jeune femme dynamique et pleine d’ambition qui n’échappe pourtant pas au cliché de l’élève attirée par son professeur. Quand ce dernier, Claudio, l’invite un soir à l’accompagner sur une scène de crime, Alice jubile de pouvoir enfin montrer de quoi elle est capable. Quelle n’est pas sa surprise de découvrir que la victime n’est autre que la jeune fille rencontrée la veille dans une boutique de vêtements branchée. Troublée par cette coïncidence, Alice ne peut s’empêcher de se mêler de l’enquête…

La mauvaise élève est tout à fait le genre de livre qui pourrait être adapté en série. Un personnage sympathique et attachant, une intrigue de fond bien ficelée – quoiqu’un peu prévisible – et une écriture pétillante… De quoi passer un très bon moment.

Pour un roman à l’allure aussi frivole que celle de son héroïne, je l’ai trouvé bien difficile à reposer… Grâce à une narration des plus honnête, on n’a aucun mal à s’identifier à Alice, qu’on suit pas à pas en se délectant de ses réflexions tordantes et de son impossible poisse. Car la jeune femme est un aimant à problèmes, à tel point qu’on se demande si elle n’a pas le chiffre 13 tatoué quelque part sur le corps. Les situations auxquelles le lecteur assiste sont souvent grotesques mais dépeintes avec une telle candeur qu’une ébauche de sourire ne quitte pas nos lèvres. Qui plus est, nous sommes véritablement face à une mauvaise élève et tout comme elle, on ne serait pas contre une fessée de la part de son chef, le très sexy Claudio. Il est odieux et méprisable, sauf à des moments où il fait preuve d’une étrange tendresse. Bref, de quoi nous laisser aussi perplexes qu’Alice. Entre ces deux-là, rien n’est évident, il y a beaucoup de matière pour les tomes à venir.

Ce qui est le plus appréciable dans ce livre, c’est de suivre une enquête policière du point de vue d’une novice naïve car trop humaine. C’est d’ailleurs assez paradoxal car notre Alice n’est pas non plus une idiote finie malgré ses nombreux déboires. Oui, elle est maladroite et un peu tête en l’air mais elle est aussi d’une grande perspicacité. En effet, si son métier lui permet de faire parler les morts, c’est sans aucun doute son esprit de déduction et son imagination fertile qui font d’elle plus qu’une simple légiste. C’est quelqu’un qui n’hésite pas à s’impliquer émotionnellement, un peu borderline selon sa hiérarchie, mais pour le lecteur, elle n’en est que plus admirable.

Alice est au final une passionnée dans tous les domaines de sa vie. Au travail, elle se fiche des règles éthiques, voire de sa propre réputation, préférant privilégier l’aspect humain de ses enquêtes. Du côté de sa vie privée, elle doute beaucoup, et il faut bien avouer qu’elle n’a pas de chance non plus avec ses amours, puisque le séduisant Arthur est très difficile à cerner. Il est le genre d’homme qui vous donne envie de vous caser, mais qui n’est pas près de le faire…

La personnalité d’Alice est l’atout choc de ce livre. C’est une vraie femme, contradictoire jusqu’au bout des ongles. Elle est imparfaite au possible, maladroite, spontanée et très émotionnelle. Le regard qu’elle pose sur les gens est d’une grande pertinence, en attestent les descriptions qu’elle fait des personnages rencontrés tout au long du livre.

L’écriture est légère mais elle est loin d’être simpliste. L’auteure sait comment séduire son lecteur en insufflant de la candeur à son livre mais aussi un ton plus professionnel en utilisant ses connaissances sur la médecine légale sans pour autant que cela soit rébarbatif. Au contraire, on éprouve une certaine frénésie à lire les suppositions d’Alice, on en vient même à respirer l’air de l’institut dans lequel elle travaille. C’est très convaincant.

Pour conclure, je vous dirais que toutes les relations entre personnages sont complexes, on ne sait pas vraiment comment elles vont évoluer. Rien n’est fixe dans la vie d’Alice. Dans son wonderland personnel, elle n’a pas fini de courir après son lapin blanc… Et après ce tome, vous lui emboîterez le pas sans vous en rendre compte.

Adeptes de la série Les Experts, vous avez toujours rêvé de décoincer quelque peu les acteurs, eh bien, avec Alice Allevi, qui n’a rien à envier à Bridget Jones, vous allez être servis ! Vivement le prochain épisode !

Éditeur : La Presse de La Cité – Collection : Étranger – Parution : avril 2012 – Prix : 21€

écrit par Julie