La chronique du roman « L’invisible » de Robert Pobi

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Montauk, Nouvelle-Angleterre. Jake Cole revient pour la première fois depuis près de trente ans dans la maison où il a grandi. Son père, un peintre reconnu à l’égal de Jackson Pollock, y vit reclus depuis des années, souffrant de la maladie d’Alzheimer. Son état a récemment empiré et une crise de démence l’a conduit à l’hôpital. Si ses jours ne sont pas en danger, ses moments de lucidité sont rares. Jake est lui aussi un artiste en son genre. Travaillant en indépendant pour le FBI, il possède en effet un don unique pour lire les scènes de crime et entrer dans l’esprit des psychopathes.

Lorsque le shérif lui demande de l’aider à résoudre un double assassinat, Jake fait vite le lien avec un crime du passé, jamais résolu.

Alors que la ville, menacée par un terrible ouragan, est en pleine évacuation, les meurtres se succèdent et Jake est bientôt convaincu que son père connaît l’identité de l’assassin. La clé réside-t-elle dans les 5 000 mystérieux tableaux qu’il a peint inlassablement ces dernières années et qui semblent constituer une sorte d’étrange puzzle?

Parution mai 2012. Sonatine Éditions. 400 pages. 21,30€.

Mon avis :

L’agent spécial Jake Cole, alias Jacob Coleridge Junior, se rend au chevet de son père dans la ville qu’il a quittée trente ans plus tôt sans jamais y revenir. Alors qu’il n’est présent que depuis deux jours, le shérif Mike Hauser fait appel à lui pour inspecter la scène de crime d’un double homicide particulièrement abominable ; les deux victimes, une femme et son jeune fils ont été écorchés vifs.

Jake Cole n’aura d’autres choix que d’accepter de participer aux investigations, car il est persuadé que cette signature est celle du meurtrier qu’il a croisé sur sa toute première enquête. Alors que la ville est sous la menace de l’ouragan le plus violent jamais enregistré, l’agent spécial commence une lutte contre le meurtrier le plus sadique qu’il ait « rencontré » et contre les forces de la nature.

Robert Pobi signe là un thriller haletant, rempli de suspens et de rebondissements. Bien qu’il s’agisse d’un premier roman, la plume est claire et assurée. L’ambiance oppressante est omniprésente. L’auteur instille cette angoisse grâce à des descriptions détaillées des scènes de crimes, du paysage, du fond sonore, des corps et des expressions faciales. Quand ce ne sont pas les meurtres qui nous tiennent en haleine, c’est l’imminence de l’ouragan qui s’en charge. Les personnages sont d’ailleurs aussi désarçonnés que le lecteur, entre ces deux maux, ils sont totalement acculés.

Robert Pobi crédibilise son récit grâce à des explications sur le phénomène météorologique de l’ouragan, sur les artistes peintres des années trente à cinquante, mais aussi sur la démarche de l’agent Cole pour étudier le psychisme des meurtriers. Le lecteur est ainsi ancré dans l’intrigue et l’histoire n’en est que plus réaliste.

Jacob Coleridge Jr est un héros atypique, tatoué des chevilles au cou avec un passé plus que brumeux, il n’est pas le genre de personnage que l’on a l’habitude de voir dans le rôle de l’enquêteur. Cet agent dérange d’ailleurs les membres des forces de l’ordre locales tant par son physique que par son manque de réaction face aux horreurs qu’ils voient. Jake Cole est un esprit torturé par son passé et par ses relations plus que tendues avec son père. C’est grâce à sa femme Kay et à son fils Jeremy, qui lui apporte sérénité et joie, que Jake peut cloisonner travail et vie privée et ne pas se laisser déborder par les émotions et les ignominies qu’il côtoie au quotidien. L’auteur nous permet de découvrir l’identité de ce personnage et de nous le rendre attachant grâce à des réminiscences de son passé et par une description fidèle de ses pensées et émotions.

Pour conclure :

Ce thriller est réellement bien conçu et est un vrai régal à lire ! L’intrigue, très bien menée, ne manque pas de rebondissements, qui nous éloignent chaque fois un peu plus de la vérité, jusqu’au final surprenant.

À lire !

écrit par Jess