La chronique du roman « Déliquescence » de Deborah Kay Davies

Un après-midi ordinaire, une jeune femme est à son poste de travail dans un centre social. Elle reçoit un homme fraîchement sorti de prison. Dix minutes plus tard, elle se retrouve dans le parking souterrain, en train de faire l’amour brutalement avec cet inconnu.

« Il m’entraîna dans l’escalier du parking puis dans un coin sombre. Je sentais les odeurs de béton humide, d’huile et de gaz d’échappement. Il me plaqua contre un pilier. Enlève ta culotte, m’ordonna-t-il avec un large sourire qui dévoilait ses dents. Monte sur moi. Monte sur mes chaussures, je veux dire. Il ne faut pas que tu te salisses les pieds. Il me soutint pendant que je me débattais pour enlever mes collants et ma culotte. Mon esprit ressemblait à un drap blanc étendu sur une corde à linge. »

Le roman noir de l’obsession sexuelle et de la manipula

Il est sorti le 22 août 2012 aux Editions Le Masque, 256 pages, 18€.

Mon avis:

Le style de Deborah Kay Davies est fluide avec des phrases brèves et concises sans fioriture, avec un vocabulaire parfois cru, mais en adéquation avec le ton du récit. Les chapitres sont courts, ce qui donne une bonne dynamique. L’atmosphère est étouffante et pernicieuse. 


L’auteure nous introduit avec habileté dans l’univers destructeur de notre héroïne. De plus, la narration à la première personne est un choix judicieux. Cela nous permet nous concentrer sur le personnage principal et nous ouvre ses réflexions et ses sentiments. Cependant, j’aurais aimé connaître notre protagoniste avant sa rencontre avec cet homme pour nous permettre de mieux la cerner et de la comprendre dans sa façon d’agir.

 

Toutefois, Deborah Kay Davies nous plonge avec simplicité dans un voyage troublant et rapide où l’obsession sexuelle illogique  peut être dangereuse, où l’on côtoie la solitude, la soumission, le dégoût de soi ainsi que les violences tant psychologiques que physiques. On nage en pleine noirceur humaine qui nous entraîne indéniablement vers une issue dramatique. 

Dans cette histoire, nous sommes spectateurs de la descente aux enfers de cette femme. Et, bien que l’on éprouve une certaine compassion pour elle, on a du mal à saisir comment elle peut rester avec un être aussi vil et froid qui la conduit à la déchéance. C’est très frustrant pour le lecteur de se sentir impuissant envers ce qui lui arrive. Je pense que l’auteure démontre avec brio ce que les personnes proches de ces gens doivent ressentir, et c’est terrible.

Pour conclure :

« Déliquescence » est un roman ambitieux et dérangeant. La lecture est convaincante et efficace. Deborah Kay Davies traître très bien le sujet. C’est un récit brutal et étonnamment intime. Un drame psychologique à ne pas mettre entre toutes les mains.