La chronique du roman « Tess » de Thomas Hardy

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La jolie Tess est d’une fraîcheur à faire chavirer tous les cœurs. Surtout celui de son prétendu cousin, Alec. Mais l’odieux personnage n’est qu’un imposteur… et un profiteur ! Lorsqu’il séduit la jeune fille puis la déshonore, la belle se promet une chose : ne jamais se marier. Jamais ! Jusqu’à ce qu’elle rencontre Angel. Éduqué, riche, généreux… Tess succombe, résiste, doute. Sera-t-elle à jamais poursuivie par son inavouable passé ? Ou se pourrait-il qu’Angel la sauve de sa destinée ?

Il est sorti le 13 février 2013 aux Editions Black Moon, 18€, 448 pages.

MON AVIS :

Voici une réédition abrégée d’un livre réputé pour être un grand classique de la littérature anglaise et qui, à mon humble avis, n’a pas volé sa place dans cette catégorie tant la mélancolie du style épouse à merveille l’écho des réflexions philosophiques de l’auteur.

Tess (d’Uberville) est un roman dramatique par excellence qui dénonce combien les conventions sociales de l’époque et la religion pouvaient étouffer les plus beaux sentiments, voire détruire des vies entières. D’autres messages plus implicites, mais pas moins percutants, s’invitent dans ce texte comme l’importance du lien homme-nature au travers, notamment, de la solidarité toute campagnarde, et la modernisation agricole qui en était à ses prémices.

Tess est une jeune paysanne consciente de ses attraits physiques mais qui n’en demeure pas moins simple et charitable à l’égard d’autrui. Dès le début et jusqu’à la fin, elle est une victime devant supporter le poids des ambitions familiales, celui de sa propre honte et l’amertume d’une vie qu’elle pense ne pas mériter. C’est un personnage qui semble être un martyr né, condamné à payer pour des crimes ancestraux, tout cela en faisant un symbole criant de l’injustice dans cette Angleterre d’autrefois.

Abusée par son prétendu cousin qui nous répugne d’emblée avec une rare virulence, entachée par une honte qu’elle subit du fait de sa naïveté, Tess doit survivre dans ce monde qu’elle pense souiller par sa simple présence. On se dit que cette forte mésestime de soi est déjà un fardeau suffisant, mais non. Vient l’amour sous les traits d’Angel, ce garçon bourré de principes qui aurait pu la sauver, lui offrir la rédemption. Hélas, la main cruelle qui retient Tess entre ses griffes depuis le commencement se joue d’elle encore une fois, la culpabilité l’empêchant de vivre pleinement son bonheur, qu’elle finit par se refuser par excès de droiture.

Tess est finalement une héroïne trop honnête et humble qui souffre de l’inflexibilité de ses propres principes, ceux-là mêmes qu’elle n’aura de cesse d’attiser à la flamme du dédain de celui qu’elle aime. Tour à tour ému et révolté, le lecteur ne sort pas indemne de ce livre dont il garde un goût âcre, car tout du long il n’avait aucun espoir de vaincre la fatalité de ce destin tout tracé. Cette histoire me hantera longtemps car j’ai rarement connu un personnage sur lequel le sort s’acharnait autant, que l’amour aurait pu sauver mais qui se contente, à la place, de précipiter la chute.

Ecrit par Julie