La chronique du roman « Du sang sur Abbey Road » de William Shaw

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Londres, quartier d’Abbey Road. Le corps nu d’une jeune femme est retrouvé sous un matelas. Chargé de l’enquête, le détective Cathal Breen pense à une des fans des Beatles qui campent près du célèbre studio. Vieux garçon qui doit sauver sa carrière après une sombre affaire, Breen fait face à une société en pleine mutation qui le dépasse. Et personne n’incarne mieux cette nouvelle réalité que la jeune inspectrice chargée de l’assister…

Ce roman est sorti le 2 janvier 2015 aux éditions 10 18, 9,10€.

MON AVIS :

« Du sang sur Abbey Road » est un roman policier qui remplit bien son office et qui se lit tout seul grâce à une écriture sans fioriture à l’image de l’esprit du héros, Cathal Breen surnommé Paddy par ses collègues. L’enquête est habilement ficelée et le livre a, en outre, le mérite d’offrir un cadre temporel et humain des plus réalistes.

Je n’ai finalement pas grand-chose à dire de négatif concernant ce roman, car il est extrêmement « propre ». Rien ne déborde en mal, tout est minutieusement orchestré, et c’est sans doute ce qui le classe dans la catégorie des bonnes lectures qui ne resteront cependant pas gravées dans mon esprit.

C’est une enquête avec des personnages sympathiques comme Paddy, le policier sur la sellette plein de principes qui veut juste faire son travail dans une société aux mœurs en pleine mutation, et qui se retrouve affublé d’une partenaire fraîche et directe, la campagnarde Helen Tozer. Cette dernière doit faire ses preuves en tant que policière et son personnage est l’outil parfait pour retranscrire la condition de la femme à cette époque. Alors que Paddy doit gérer la mort de son père et le climat hostile au sein du commissariat, leur duo improbable fonctionne et fait sourire. On les suit avec plaisir dans leurs tâtonnements pour résoudre un crime qui n’a d’isolé et de fortuit que l’apparence…

J’ai beaucoup apprécié la mise en place de l’histoire qui se focalise autant sur l’ambiance au sein de la police que sur les déboires personnels des protagonistes, le rappel permanent du contexte de 68 avec la Beatlesmania pour axe principal et, également, la guerre du Biafra avec les tensions politiques qui régnaient entre la communauté noire de Londres et les londoniens qui les regardaient avec suspicion. Les Irlandais, eux aussi, sont ostracisés ; on les relègue, pour la plupart, à des postes d’ouvriers sur les chantiers. C’est très intelligent de la part de l’auteur d’avoir choisi un enquêteur irlandais disposant d’un esprit ouvert à l’égard des étrangers et des différences. Cela sert l’enquête à bon escient.

Un roman soigné, sobre mais pas dénué d’intérêt et qui, à défaut de vibrer d’intensité, permet aux lecteurs de passer un moment agréable et de s’immerger avec réalisme dans le Londres de la fin des années 60. L’enquête avance doucement mais sûrement, nous fait nous interroger au gré des non-dits et de la suspicion facile, jusqu’à une résolution sombre et réaliste à l’instar du dénouement personnel pour les héros.

Ecrit par Julie