La chronique du roman « Monk 2 en 1 » de Anne PERRY

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Un étranger dans le miroirWilliam Monk, inspecteur de police chevronné, se réveille à l’hôpital. Violemment agressé il y a quelques semaines, il a perdu la mémoire. Ce qu’il s’empresse bien de taire à ses supérieurs, qui auraient tôt fait de l’exclure manu militari de la police londonienne. Revenu à la vie professionnelle, il mène parallèlement une enquête sur le meurtre d’un jeune aristocrate, survivant de la bataille de Crimée, et sur lui-même. Il découvre d’abord qu’il n’était ni très sympathique ni très aimé, et qu’il avait laissé tomber sa famille, d’origine trop modeste, pour mieux réaliser ses ambitions. Il se rend compte aussi qu’il avait été mêlé de très près au meurtre sur lequel son supérieur, qui veut sa peau, le laisse investiguer…  

Un deuil dangereux

Décembre 1856 à Londres. William Monk et son équipier, le sergent John Evan, enquêtent sur la mort d’Octavia Haslett, une des filles de Sir Basil Moidore qu’on a retrouvée poignardée dans sa chambre. Comme il s’agit d’une famille huppée, le chef Runcorn recommande à son inspecteur de mener ses investigations avec du doigté et une certaine retenue. La thèse officielle attribue ce crime à un cambrioleur qui aurait été surpris par la victime. Après avoir présenté ses condoléances aux membres de la famille, Monk commence à les interroger mais, visiblement, ses manières comme ses questions déplaisent. De son côté, Evan retrouve Chinese Paddy, marchand de poisson le jour et monte-en-l’air le soir. Durant la nuit tragique, il faisait le guet à proximité de la maison de Sir Basil, et affirme n’avoir vu personne en sortir. Monk doit s’y résoudre : le meurtrier était déjà dans la maison. Elle a ensuite maquillé le meurtre pour brouiller les pistes.

Il est sorti le 6 novembre 2014 aux Editions 10/18, 13.90€.

Mon avis:

William Monk se réveille à l’hôpital après plusieurs semaines dans une sorte de coma nébuleux. Il a eu un violent accident de cab, et se réveille sans souvenirs de qui il est vraiment. Grâce à la visite de son supérieur, Runcorn, il comprend qu’il est inspecteur de police. Runcorn, dans le désir de le faire tomber, lui confie une enquête qui piétine depuis plusieurs semaines : le meurtre sauvage d’un gentleman à son appartement. William Monk, accompagné de son collègue John Evan, fait tout ce qu’il peut pour trouver l’assassin. Tout en menant l’enquête, Monk cherche des réponses sur son passé.

Nous évoluons donc dans les rues de Londres en compagnie de l’inspecteur Monk et de John Evan. L’auteure ne nous emmène pas seulement dans les beaux quartiers et au sein des « bonnes familles ». Elle nous transporte également dans les bas-fonds de Londres, dans son aspect le moins reluisant. Cette première intégrale forme un polar victorien prenant et intelligent, que j’ai pris plaisir à déguster. Les intrigues de ces deux premiers tomes sont bien ficelées, et l’auteure nous emmène au bout de son roman avec maîtrise et talent.  J’ai trouvé quelques passages assez longs, avec un petit manque d’intensité où l’enquête piétine un peu. Toutefois, cela n’a pas été au point d’émousser mon intérêt. 

Grâce à ce roman, j’ai également appris beaucoup de choses sur la Guerre de Crimée et sur l’impact qu’elle a réellement eu sur ses acteurs (soldats, infirmières) et sur ceux qui l’ont subie de loin (les familles des victimes).

L’écriture de l’auteure est une petite merveille. C’est passionnant, bien écrit et les descriptions sont justement dosées pour que l’on s’imagine très bien au coeur de Londres à cette époque.

L’auteure nous offre des héros imparfaits, aux personnalités crédibles et très attachants.

Nous découvrons William Monk, le héros, en même temps qu’il se découvre lui-même. Il n’aime pas vraiment l’homme qu’il était. Il semble être un personnage sûr de lui, ambitieux, suffisant et désagréable avec les autres. Or Monk n’a pas la sensation d’être cet homme là désormais. Il ne peut pas totalement renier cette partie de lui aux yeux des autres, et on sent le combat qu’il livre à l’intérieur de lui-même tout au long du roman.

John Evan est un personnage au départ assez effacé, mais il se révèle au fil des chapitres. Il est également d’un grand soutien pour Monk. Evan est intelligent, attachant et il m’a fait une impression de douceur (je ne sais pas comment l’expliquer autrement).

J’aime beaucoup Hester Latterly, c’est une jeune femme courageuse et intelligente, qui souffre de la condition des femmes à l’époque. Par bien des aspects, j’ai trouvé qu’elle ressemblait beaucoup à Monk. Les joutes verbales entre Hester et Monk sont d’ailleurs un vrai délice. L’implication d’Hester dans la vie de Monk est plus grande dans la deuxième enquête, et j’ai beaucoup apprécié.

En conclusion, c’est la première fois que je lis ce style de roman, et Anne Perry a su me convaincre ! J’ai beaucoup aimé l’atmosphère qui se dégage des enquêtes en plein coeur du Londres victorien. Je me suis vite attachée au personnage de William Monk, et le reste des protagonistes m’a également beaucoup plu.

Je lirais donc la suite (le tome 3 s’intitule « Défense et trahison ») et je vais également tester l’autre série de l’auteure, « Charlotte Pitt », où l’héroïne des enquêtes est une femme.

Ecrit par Noémie