La chronique du roman « La bibliothèque des cœurs cabossés »de Katarina Bivald

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Tout commence par un échange de lettres sur la littérature et la vie entre deux femmes que tout oppose : Sara Lindqvist, jeune Suédoise de vingt-huit ans, petit rat de bibliothèque mal dans sa peau, et Amy Harris, vieille dame cultivée de Broken Wheel, dans l’Iowa. Lorsque Sara perd son travail de libraire, son amie l’invite à venir passer des vacances chez elle. A son arrivée, une malheureuse surprise l’attend : Amy est décédée. Seule et déboussolée, Sara choisit pourtant de poursuivre son séjour à Broken Wheel et de redonner un souffle à cette communauté attachante et un brin loufoque… grâce aux livres, bien sûr.

Il est sorti le 4 mai 2016 aux Editions J’ai lu.

Mon avis:

Je mentirais si je disais que je n’ai pas apprécié ma lecture, mais il y a tout de même pas mal de points qui m’ont moyennement convaincue. La bibliothèque des cœurs cabossés est une gentille histoire qui manque malheureusement de crédibilité et d’envergure psychologique.

Contrairement à ce que j’ai pu lire dans les avis à droite et à gauche, j’ai trouvé l’écriture maîtrisée, pleine de bon sens et saupoudrée d’un humour agréable. Pour un livre qui parle de livres justement, tout lecteur ne peut que se retrouver dans l’esprit de l’héroïne quand elle évoque la littérature. Les passages à ce sujet sont ceux qui m’ont le plus emportée et ils m’ont fait me questionner sur mon propre rapport à la lecture. Le lecteur est un rêveur né qui se cherche pas mal et il a tendance à vivre au travers des romans qu’il lit sans oser sauter le pas dans sa propre vie de peur d’éprouver un décalage, voire un sentiment d’insipide dans le quotidien. Cette recherche de soi m’a parlé. Une réussite à ce niveau.

J’ai également aimé me promener dans Broken Wheel (la petite ville est une valeur sûre en littérature), les échanges avec Amy que l’on découvrait au compte-gouttes, ce sentiment que le destin a amené le personnage dans cette ville.

Le souci principal que j’ai finalement relevé en refermant le roman se résume à ça : un bel enrobage (d’écriture) pour pas grand-chose concernant l’histoire.

Selon moi, les protagonistes sont mignons, gentillets, mais ils manquent d’intensité et frôlent le stéréotype. C’est dommageable, car la narration leur rend plutôt justice, mais pas les péripéties qu’ils vivent et qui, additionnées, m’ont fait l’effet d’être un panier social clé en main. Entre le père alcoolique, la Bree Van de Kamp, le presque Darcy dont on dit du bien mais que Sara ne cerne jamais vraiment jusqu’à la fin… Ensuite, il faut m’expliquer comment on peut survivre sans réellement travailler dans une ville où les commerces sont voués à la faillite. Il n’y a personne, que des habitués, alors comment un snack et un bar peuvent-ils tenir le coup dans un bled pareil ?

Je maintiens, j’ai aimé les moments où Sara évoque les livres, la vie, certaines scènes avec les habitants de Broken Wheel, mais j’ai peiné avec les soucis personnels de chacun et, ô malheur pour moi qui suis friande de romance, je n’ai pas été convaincue par l’histoire d’amour. Du compliqué de façade qui m’a laissée sceptique quant au revirement…

En conclusion, un roman plaisant qui détend, mais dont il ne faut pas attendre plus. Étonnamment, malgré la fin peu satisfaisante, mais grâce à l’enthousiasme livresque de l’héroïne et aux références connues, un livre qui peut réconcilier avec la lecture en cas de panne.

Ecrit par Julie