La chronique du roman « LA SOCIETE,T1 : Qui de nous deux ? » de Behelle Angela

Un élève aussi farouche que séduisant, une société secrète, un lent apprentissage mené de main de maître qui éveille son corps et comble ses désirs les plus inavouables, Mickaëlla Valmur est loin d’imaginer ce que lui réserve cette étrange rentrée scolaire au goût amer.

Il est sorti en juin 2012 aux éditions La Bourdonnaye, prix 4,55€

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MON AVIS :

Commençons par l’essentiel. Ce livre est évidemment à ne pas mettre entre toutes les mains ! Il brûle les doigts par son audace, car l’auteure aborde, ici, le sexe sans tabou aucun. Mais elle le fait avec intelligence, préparant ses lecteurs en même temps que Micky à accepter toujours plus dans cette surenchère du plaisir. Je dois l’avouer, j’ai repoussé mes limites en lisant ce texte et soyons honnêtes, j’ai appris bon nombre de choses. C’est donc un livre osé, qui est en quelque sorte pédagogique (oui, oui !), transformant le lecteur en un gentil pervers qui s’assume.

Je ne suis pas une habituée des romans érotiques, que je fuis normalement comme la peste, mais j’ai été ravie de découvrir un livre bien ficelé et bien écrit qui a le mérite d’atteindre son but : faire monter notre température interne. Vous le verrez dans la seconde partie de ma chronique, il y a certaines choses qui m’ont un peu déplu, mais elles ne m’ont pas empêchée de terminer ce roman.

Nous avons donc, ici, une relation inconvenante entre un professeur et son élève, qui débute d’emblée sur un affrontement spirituel. Toute cette phase d’approche est ingénieusement pensée. J’ai été agréablement surprise que les dialogues soient aussi bons, plaidant en faveur du fantasme incarné en la personne d’Alexis. L’auteure a vraiment réussi à rendre ce jeune homme intriguant, machiavélique au possible, mais terriblement excitant. Sa maîtrise des jeux érotiques, et de la tension sexuelle associée, est diabolique. On le maudit autant qu’on le désire, en cela, l’identification au personnage féminin est parfaite.

Tout au long de ce tome, on va crescendo vers un accomplissement sexuel, une éducation dispensée par l’élève qui devient le maître. Cette relation scandaleuse a le don de nous faire suffoquer, on se rebelle un peu pour mieux se soumettre. Car ici, c’est bien de cela qu’il est question : de rapports dominant-dominé.

En termes de psychologie, je suis assez soufflée, car Angela a vraiment souhaité conférer une justification aux comportements et réactions de ses personnages. Et cet aspect bien exploité apporte une surprenante profondeur au récit.

Passons à ce qui m’a déplu. Si au début de ce tome, les dialogues étaient vraiment bons : directs et percutants, ils ont perdu en intensité à mesure que les deux personnages explosaient les niveaux de la volupté. Il y a ainsi une répétition de « tu es surprenante », de je-ne-veux-pas-pour-la-forme qui perdent en conviction dès la seconde suivante. J’ai trouvé que le texte en lui-même perdait en panache alors qu’à côté, les scènes érotiques gagnaient en intensité. Ceci explique peut-être cela. À certains moments, on perd en pertinence (ha ha).

J’ai eu un peu de mal avec le fait que la recherche du plaisir se fasse sur le malheur de certains autres personnages. Je pense notamment à Julia, une pauvre lycéenne qui sert de dérivatif sexuel à Alexis, qui ne s’en cache pas. La rendre un peu plus méchante aurait suffi à (presque) justifier qu’elle soit utilisée de la sorte. Cette connivence dans la mesquinerie entre les deux amants m’a déplu.

J’ai aussi décroché pendant les passages BDSM « jouets sexuels », sans doute parce que ce n’est pas mon truc. Préférences mises à part, je trouve que cela a « mécanisé » les scènes érotiques, leur ôtant la spontanéité du début.

Je relève également une prévisibilité dans le scénario, notamment sur le pourquoi du comment Alexis atterrit dans la classe de Micky pour l’inviter à ce jeu érotique savamment orchestré. À défaut d’être surprise, à la fin, j’ai trouvé la manière de justifier tout cela très bonne avec des dialogues explicatifs qui ne manquaient pas d’intérêt. Ainsi, la boucle est bouclée.

En fin de tome, on est quand même un peu étonnés que le sexe puisse mener à l’amour sans signes avant-coureurs plus romantiques. Cet amour-possession revêt la forme d’une dépendance, mais après tout, l’amour, c’est aussi un peu ça.

Enfin, je terminerai par la chose que j’ai trouvé déplacée, et ce même si elle colle à la personnalité de nos deux amants et que l’auteure la justifie textuellement. L’hommage sexuel rendu au mari de Micky m’a mise mal à l’aise, mais encore une fois, il s’agit d’un avis personnel. J’aurais juste préféré que le tome se termine sur les dialogues explicatifs plutôt touchants.

Qui de nous deux ? nous dévoile l’existence d’une société du plaisir, qui a pour vocation d’épanouir ses membres, de les faire assumer pleinement leurs désirs. Et cette première incursion est réussie. On a chaud, très chaud et on se complaît à se glisser dans la peau de Micky à chaque nouvelle étape imposée par un Alexis diaboliquement tentateur. Le sexe est décrit sans tabou, de manière directe sans que cela soit cru. Il n’est pas avillissant, car chaque partenaire est consentant. À noter qu’il y a même un renversement dans les rapports de domination sur la fin, qui compense un peu le parcours de soumission de Micky, qui, par moments, m’a fait grincer des dents.

écrit par Julie