La chronique du roman « Le requiem des abysses » de Maxime Chattam

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Pour oublier le criminel qui a terrorisé Paris lors de l’Exposition universelle de 1900 et se remettre de leurs aventures, l’écrivain Guy de Timée et Faustine, la belle catin, se sont réfugiés au château d’Elseneur dans le Vexin. Mais là, dans une ferme isolée, une famille est assassinée selon une mise en scène macabre, alors que l’ombre d’une créature étrange rode dans les champs environnants…
Guy, dans sa soif de comprendre le Mal, de le définir dans ses romans, replonge dans ses vieux démons, endossant à nouveau ce rôle de criminologue, qui le conduit peu à peu, comme un profiler avant la lettre, à dresser le portrait du monstre. Pendant ce temps, à Paris, les momies se réveillent, les médiums périssent étrangement et les rumeurs les plus folles se répandent dans les cercles occultes…

Mon avis:


Une suite bien meilleure ! Un Chattam comme on les aime !

 

Au début des années 1900, la France est en proie à d’étranges phénomènes. À Paris, les momies disparaissent des musées, les médiums succombent à des morts mystérieuses, et les rumeurs les plus folles courent dans les cerces occultes. À quelques kilomètres de là, dans les campagnes, une chose sans nom décime des familles entières selon des rites d’une infinie barbarie.

Hanté par ses propres démons, fasciné par le Mal, le romancier Guy de Timée se lance à la poursuite de la créature.

 

Voici la suite de Léviatemps, un roman qui m’avait quelque peu déçue… Ce qui pourrait expliquer pourquoi j’étais si réticente à ouvrir ce second opus. Mais contrairement à ce que je m’imaginais, j’ai été incapable de le reposer, hypnotisée comme je l’étais par la cadence infernale de l’histoire. Dans les rares moments où je trouvais la force de refermer ce livre, mon esprit n’avait de cesse de me ramener aux côtés de Guy de Timée pour mener une nouvelle enquête à la poursuite du Mal à l’état pur, disséqué sous toutes les coutures par l’esprit torturé du romancier.

Suite aux évènements atroces qu’ils ont dû affronter, Guy et Faustine décident de se retirer à la campagne, espérant reprendre le cours de leur vie. Ce qui n’est pas chose aisée car Guy est obsédé par ce qu’ils ont vécu. Le cauchemar semble être terminé et pourtant, il continue d’agiter ses vicieux tentacules dans l’esprit de l’écrivain. À force de ressasser, Guy va avoir la sensation que le mal attire le mal et que ce dernier ne rechigne pas à frapper deux fois au même endroit… ou plutôt là où se trouve ses cibles toutes désignées… La sensation devient trop réelle au goût du romancier mais aussi au goût du lecteur qui sera éprouvé émotionnellement.

Dans cette campagne a priori tranquille, une famille avoisinante est sauvagement assassinée par un tueur qui prend un plaisir malsain à laisser derrière lui le souvenir de son passage : une mise en scène des plus macabres, décrite avec un réalisme insoutenable…

À compter de cet instant, Guy fera tout pour débusquer ce meurtrier pour lequel il éprouve une fascination dérangeante.


Le livre débute sur une scène mortelle dans un musée à Paris, une scène dont on ne comprend la teneur que bien plus tard. Les mécanismes de l’enquête nous permettent de faire le lien entre tous les évènements qui se produisent. Et ce lien est tout simplement maléfique… Je n’en dévoilerai pas plus tant je ne veux pas gâcher le suspense, qui est si habilement maîtrisé par Maxime Chattam, qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout.

Un bout qui est tout simplement magistral. En effet, l’épilogue est une réflexion très noire sur la condition humaine qui a assurément ébranlé ma vision du monde tant le recul du personnage est énorme. Guy a cherché à appréhender le Mal toute sa vie. Maintenant qu’il en possède une définition précise, il n’en éprouve aucune satisfaction… Si vous êtes prêts à mettre des mots sur ce terme, prenez le risque de vous engouffrer dans ce livre… mais prenez garde, la vérité peut aussi bien être source de lumière… que de ténèbres.

Voici un livre à lire pour ses personnages attachants (notamment le couple Faustine/Guy, pour la qualité de la plume de Chattam toujours aussi macabrement lyrique et pour une enquête sanglante et obsédante.

 

Éditeur : Albin Michel

Parution : 4 mai 2011

Prix : 22€

 

écrit par Julie