La chronique du roman « Dans l’ombre des Tudors, Tome 1 : Le Conseiller » d’Hilary Mantel

-Mantel-Conseiller

Angleterre, 1520. Règne des Tudors. Le roi Henri VIII n’a pas de fils pour lui succéder. Situation préoccupante qui pourrait entrainer le pays sur le chemin de la guerre civile. Aussi décide-t-il de divorcer de Catherine d’Aragon, avec qui il est marié depuis plus de 20 ans pour épouser Anne Boleyn, dont il est tombé amoureux. Son conseiller, le cardinal Wolsey échouant à obtenir l’accord du pape, un jeune homme plein de fougue et de ressources va peu à peu entrer dans les bonnes grâces du roi et l’aider à vaincre l’opposition. Son nom : Thomas Cromwell. Ambitieux, idéaliste et opportuniste à la fois, fin politicien et manipulateur né, celui-ci est au début d’une carrière qui va modifier profondément et durablement le visage du royaume.

Avec Le Conseiller, vainqueur du Booker Prize et salué dans le monde entier par une critique unanime, Hilary Mantel nous propose un fabuleux voyage au cœur d’une société en plein bouleversement. Prenant pour sujet l’une de ces périodes clés de notre civilisation où l’histoire, la politique, les passions et les destinées individuelles se confondent, elle nous livre un portrait sans précédent de la maison Tudor.

Hilary Mantel est née en 1952. Le Conseiller est le premier volet d’une trilogie consacrée à Cromwell. Sonatine Éditions publiera en 2014 et 2015 les deux opus suivants.

Il sort le 7 mai 2013 aux Éditions Sonatine, 700 pages, 22 euros.

 MON AVIS :

Une chose est sûre, cette trilogie dépoussière bien comme il faut l’époque des Tudors grâce au point de vue plein d’humour de Thomas Cromwell, l’homme ambitieux qui parvint à se hisser dans l’ombre du roi Henry VIII. Le sujet est vaste, intéressant, mais extrêmement copieux, il faut l’avouer. Et c’est peut-être ce qui a fait que j’ai lu ce premier tome lentement mais sûrement. Hilary Mantel ne prend pas ses lecteurs pour des imbéciles, elle les immerge complètement dans son récit, les inondant d’un flot de références historiques pointues. La dame maîtrise son sujet, ce n’est pas le lecteur qui dira le contraire.

Je pense que c’est un roman qui ne se lit pas de la même façon selon notre degré de connaissances en rapport avec cette époque. Ceux qui en sont friands pourront saisir toutes les subtilités politiques, les autres se contenteront de se laisser séduire par le point de vue Cromwell, ce qui n’est pas désagréable non plus. Je me situe entre les deux puisque je suivais la série Les Tudors avec assiduité, même si je pense qu’il faut en prendre et en laisser, c’est évident, pour pleinement apprécier la saveur que l’auteure a donnée à ses protagonistes.

Le style est surprenant et nécessite plusieurs pages de lecture pour qu’on se familiarise avec, car Hilary Mantel donne un côté théâtral à son récit en utilisant un « il » qui fait toujours référence à Thomas Cromwell, son héros attitré. Avec du recul, on se rend compte que le choix est judicieux étant donné qu’on ne perd rien des pensées truculentes du personnage, mais à la fois on gagne en perception puisque des mouvements d’une caméra, qui plonge presque à l’intérieur des autres protagonistes, nous permettent de pousser plus loin l’analyse que l’on peut faire d’eux. Je déplore peut-être qu’on ait l’impression de rester en huis-clos car les décors sont minimalistes et récurrents, mais c’est à l’échelle des complots et trahisons, dirons-nous, et cela nous permet de rester dans une dimension plus intimiste.

J’ai grandement apprécié que le ton soit frais et finalement très contemporain dans le traitement des rapports entre les personnages, je pense notamment à la relation très intéressante qui lie Cromwell au cardinal de Wolsey. En se focalisant sur Thomas Cromwell, Hilary Mantel confère une humanité certaine à son récit, c’est un outsider qui arrive peu à peu à s’immiscer dans les hautes sphères grâce à son intelligence. Si le récit est loin d’être larmoyant, la pudeur du personnage lorsqu’il évoque sa vie personnelle, son enfance ou la mort de sa femme, est touchante.

Un livre à lire, donc, pour le plaisir de revenir sur les trahisons à l’époque des Tudors en adoptant un point de vue frais concernant, du moins dans ce premier tome, l’affaire du divorce d’Henry VIII avec Catherine qui va conduire à un bouleversement des rapports entre la monarchie et la papauté.

PS : Chapeau bas au traducteur pour avoir su retranscrire la saveur du récit, ce qui n’était pas une mince affaire compte tenu de la particularité du point de vue.

EN PLUS :

Tome 2 : Le Pouvoir

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1535 : l’ascension au pouvoir de Cromwell coïncide avec l’avènement d’Anne Boleyn. Mais le schisme avec l’Église catholique a laissé l’Angleterre dangereusement isolée et non seulement Anne n’a pas donné d’héritier à Henry, mais elle lui a aliéné tous ses anciens amis et nobles anglais. Alors que le roi s’éprend de Jane Seymour, Cromwell, va devoir régler le sort d’Anne Boleyn, négocier avec la cour, sauvegarder son pays et son destin.

Tome 3 : La Disgrâce

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Pour des raisons diplomatiques, Thomas Cromwell a vivement encouragé Henri à épouser Anne de Clèves. Ce nouveau mariage s’avérant désastreux, ses adversaires, de plus en plus nombreux, en profitent pour le faire arrêter, en plein conseil, et emprisonner à la tour de Londres. Henri le détient jusqu’à l’obtention de son divorce d’avec Anne. Il est finalement décapité en secret à la tour de Londres le 28 juillet 1540, puis sa tête est exposée au bout d’une pique sur le pont de Londres.

Ecrit par Julie