La chronique de « IKIGAMI , T2: Préavis de mort » de Motoro Mase

Quand la mort devient un acte de bravoure.

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Editeur : Kazé Manga

Type : Seinen

Prix : 7,95 €


Dans notre pays, une loi entend assurer la prospérité de la nation en rappelant à tous la valeur de la vie. Pour ce faire, un jeune sur mille entre 18 et 24 ans est arbitrairement condamné à mort par une micro-capsule injectée lors de son entrée à l’école. Lorsque l’on reçoit l’Ikagami, c’est qu’il ne nous reste plus que 24 heures à vivre. Mais à quoi passer cette dernière journée, lorsqu’on n’a pas eu le temps de faire sa vie ? Que feriez-vous de vos dernières 24 heures ?


L’histoire :


Ce tome reprend le schéma narratif du premier opus en nous permettant de suivre les dernières journées de deux personnes auxquelles Fujimoto a délivré l’Ikigami.

1/ Kazuka est une jeune femme tranquille. Elle entretient une relation orageuse avec Takeshi qui a pour ambition de devenir réalisateur. Son rêve empiète sur sa vie privée puisqu’il se drogue afin d’être le plus performant possible. Lorsque Kazuka reçoit le préavis de mort, c’est l’heure des vérités. Takeshi prend conscience de l’amour de sa compagne et du soutien indéfectible qu’elle lui a apporté. La fin est tragique et sonne comme une punition pour avoir gaspillé sa vie, ce qui vient corroborer le discours abject de la Société.

2/ La seconde histoire m’a beaucoup touchée puisqu’elle concerne une vieille dame en maison de retraite, Mme Asakura qui croit reconnaître en un jeune auxiliaire de vie son défunt mari. Takebe, qui jusqu’ici a toujours été maladroit et ne se sentait pas vraiment utile, va enfin trouver un sens à sa vie. L’arrivée de l’Ikigami vient tout chambouler. Cette seconde histoire est émouvante et à la fois condamnable parce qu’encore une fois, l’acceptation du processus se fait en douceur. Takebe accepte sa mort et certains personnages osent même comparer celle-ci à un départ pour la guerre, comme si Takebe agissait au nom de la nation. Jusqu’à la fin il est manipulé et on s’insurge contre la sérénité qu’il affiche à cause des mensonges proférés.


Ce tome est très intéressant car il dévoile d’autres facettes de l’histoire.

Tout d’abord, il permet au lecteur d’entrer dans la vie privée d’un livreur de préavis de mort. On découvre ainsi les répercussions de cette tâche dans ses rapports avec autrui. En se séparant de sa petite amie, Fujimoto réalise une introspection sur lui-même très lucide mais malgré cela, on n’arrive pas à lui pardonner sa passivité. Dans le premier tome, on quittait un Fujimoto prêt à se révolter tandis qu’on le retrouve résigné à accomplir sa mission de « dieu de la mort ».

L’espoir renaît tout de même vers la fin lorsque le système lui rappelle les justifications complètement utopiques de son existence. Tous les moyens sont bons pour assurer la pérennité de la Société. Une société qui ne lésine pas sur les moyens pour duper ses membres d’une manière ingénieusement diabolique. Le soutien mis en place est un rouage qui n’a de sens que parce qu’il assure une non contestation de l’Ikigami. Cela nous conforte dans l’idée qu’il n’y a rien d’humain dans le procédé puisque les gens ne comptent pas. Ils ne sont que des pions qu’on ménage pour éviter de faire des vagues.


Le graphisme :

Les illustrations sont toujours aussi réalistes. J’ai notamment apprécié la mise en valeur des souvenirs des personnages et le décompte toujours aussi dramatique.


Pour conclure :

Je suis toujours aussi séduite par le concept de ce manga et même si j’apprécie de suivre les réactions des condamnés, j’attends une certaine évolution pour la suite car le scénario pourrait devenir répétitif et me lasser. Pour l’instant, ce n’est pas le cas mais on ne sait jamais ? 

 


écrit par Julie