La chronique du roman « Purgatoire des innocents » de Karine Giebel

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Raphaël a passé des années en prison pour vols à main armée puis pour récidive. Pendant son absence, sa mère est morte de chagrin tandis que son jeune frère William prenait le même chemin que lui. Raphaël, à sa libération, entraîne celui-ci dans leur premier braquage en commun, une bijouterie de la place Vendôme, avec la complicité d’un jeune couple. L’affaire tourne mal, un policier et une passante sont tués, et William est grièvement blessé. Leur cavale devient pour Raphaël une véritable course contre la montre : il faut sauver son frère. Les quatre fuyards atterrissent à quelques heures de Paris, et trouvent le numéro d’une vétérinaire, Sandra, qu’ils prennent en otage chez elle, dans sa ferme isolée, et forcent à soigner William. Sa vie contre celle du braqueur. C’est dans cet état d’esprit que Sandra doit opérer dans son salon, sans trembler, elle qui n’est pas chirurgienne. Mais les jours passent et William n’est toujours pas en état de reprendre la route. Et lorsque le mari de Sandra prévient sa femme de son retour, tous attendent. Les uns de le prendre également en otage et Sandra d’être sauvée… ou peut-être autre chose… Car ce que Raphaël ignore, c’est qu’ils sont dans la demeure du diable. Ce que Raphaël ne sait pas, c’est qu’ils sont dans la maison d’un psychopathe de la pire espèce, qui vient de ramener, à l’arrière de son camion, deux adolescentes enlevées à la sortie de leur collège. De prédateurs, ils vont devenir des proies à la merci d’un monstre sans pitié…

Il sort le 7 mai 2013 aux Editions Fleuve noir, 20€.

Mon avis:

Vous aviez trouvé Meurtres pour rédemption violent ? Bienvenue en enfer.

Vous aviez trouvé Juste une ombre psychologiquement éprouvant ? Bienvenue en enfer.

Karine Giebel nous a préparé un sacré breuvage, une mixture détonante combinant le meilleur de ce qu’elle nous proposait lors de ses deux romans cités plus haut.

Sur près de 600 pages, l’auteure nous plonge dans un récit d’une violence inouïe. Apprêtez-vous à avaler goulûment cette histoire ; vos sentiments seront plongés dans un mélange d’horreur et de fascination. Une explosion de goûts en bouche : amers, acides, sucrés-salés.

Giebel est une auteure assez unique en son genre, et elle n’a pas son pareil pour concocter un nectar qui distille son fiel par tous vos pores, avec une telle rudesse qu’il n’est pas possible d’en ressortir autrement que groggy.

Le roman débute de manière somme toute assez classique, d’aucuns pourraient même croire (après 100 pages lues) que c’est une histoire banale parmi tant d’autres.

Les Giebelmaniaques (dont je fais partie) se douteront très vite que les choses vont déraper. Et pour déraper, elles dérapent ! État d’ivresse assuré, la tête qui tourne pour tout lecteur qui se plongera dans ce bouquin.

Je ne dirai pas un mot sur l’intrigue. Vous pouvez me torturer, je ne dirai rien (demandez conseil à Karine Giebel, elle a une imagination infinie en matière de torture). Ce serait vous gâcher la multitude de saveurs qui vous attendent durant votre lecture. Tout juste puis-je concéder qu’il est question de séquestration et donc de torture.

Un mot sur les personnages ; des personnages ambivalents, une plongée dans la noirceur de l’âme humaine, même si certains découvriront un peu de lumière dans leur part d’ombre au fur et à mesure du récit. Des personnages qui, pour certains, boiront le calice jusqu’à la lie.

Giebel a élevé au niveau d’un art sa capacité à nous faire entrer en empathie avec (certains) personnages en marge de la loi. Étonnante capacité.

Au final, un roman éprouvant, douloureux mais profondément vivant, à ne sans doute pas mettre à la portée de tous les estomacs et avec (il faut le souligner) une fin émotionnellement forte.

 Ecrit par Gruz