La chronique du roman « La trilogie de l’empire, Tome 2 : Pair de l’empire » de Raymond E. Feist & Janny Wurtz

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Mara des Acoma, souveraine de sa maison, s’est imposée comme une force à part entière au sein des clans.

Mais tandis que les intrigues et les trahisons se succèdent sans cesse à la cour des Tsurani, Mara se surprend à se prendre d’affection pour un esclave barbare venu du monde ennemi. Peu à peu, Kevin l’initie aux plaisirs de l’amour… mais la pousse également à remettre en question ses principes.

Et lorsque cet esclave se révèle un habile tacticien rompu à l’art de la guerre, Mara ne tarde pas à l’impliquer dans ses luttes politiques. Car devant la dame des Acoma se dresse un ennemi ivre de vengeance, prêt à tout pour anéantir ceux qu’elle aime.

Il est sorti le 26 avril 2013 aux Éditions Milady, 900 pages, 10,20€.

MON AVIS :

Avec ce second tome, c’est un coup de cœur magistral qui se confirme pour cette saga de fantasy, véritable fresque historique et familiale, la meilleure qu’il m’ait été donné de lire. Dans un décor japonisant enivrant pour les sens, les deux auteurs nous emmènent au cœur de la politique tsurani qui se traduit par un Jeu du Conseil machiavélique donnant lieu à des combats grandioses. Les années passent, les alliances se font et se défont, la haine s’intensifie, mais rien ne semble en mesure de freiner l’ascension de Mara des Acoma, cette jeune femme admirable, entourée par des conseillers terriblement attachants qui vont ici être malmenés, ce qui leur permet de gagner en crédibilité.

Dans le premier opus, nous avions suivi Mara devenue l’unique héritière de son clan, engagée dans un plan de vengeance visant à détruire ses ennemis, les Minwanabi, meurtriers de son père et de son frère. La jeune femme avait mis son esprit et ses idées avant-gardistes au service de son objectif, faisant passer l’honneur de sa famille avant le reste. En dépit de la densité du premier livre, après avoir lu « Pair de l’Empire », on peut assurément dire qu’il ne constituait qu’une mise en bouche. Car dans ce second volume, on explore plus en profondeur le Jeu du Conseil et cette mystérieuse Guerre de la Faille dont on percevait les bruyants échos. Et grâce à de formidables alternances de points de vue, on infiltre non seulement les rangs des traitres, les Minwanabi, mais on découvre aussi les coutumes du peuple barbare à travers les yeux de Kevin, l’esclave amant de Mara. Là où je trouve la narration prodigieuse, c’est que chaque scène nous est contée avec le point de vue adéquat pour nous permettre de percevoir toutes les nuances de ce qu’il s’y passe. Attendez-vous à devenir tour à tour chef de clan, officier, premier conseiller et même esclave !

Dans le premier tome, même si le temps n’était pas à l’amour, on espérait que Cupidon passerait par là car Mara, ayant dû subir les affronts de Bunto, son mari brutal, méritait sa part de bonheur plus que quiconque. Et nous voici magnifiquement exaucés du fait de deux relations se mettant en place dans cet opus. Mara connaît une passion sans limites dans les bras de Kevin, ce barbare qu’elle apprend à respecter et qui causera sans le savoir la réforme de tout un Empire grâce aux idées novatrices qu’il soufflera à l’oreille de sa maîtresse. Sa présence apporte une touche de légèreté au sein des tsurani si guindés ; c’est fascinant de le voir remettre en cause des millénaires de tradition. Une autre relation, plus timide et amicale, se dessine, et on fonde de grands espoirs dessus pour le prochain volet, car cette alliance sereine pourrait transfigurer encore plus la politique de l’Empire.

Ici, la magie et les croyances sont omniprésentes. On découvre la puissance de l’Assemblée de magiciens du royaume avec une démonstration grandeur nature, ainsi que les cérémonies sacrificielles tsurani. On se rend au cœur de l’Empire pour faire la connaissance du Prince de la Lumière, ce dieu vivant adulé par le peuple. De manière surprenante, le livre parvient à mêler les cultures asiatique et romaine dans une arène digne des plus grands gladiateurs. Enfin, on réalise, au vu des informations qui nous sont fournies, que de l’autre côté de la faille il existe un univers de fantasy classique avec des nains, des elfes…

C’est une trilogie parfaitement dosée qui prône de grandes valeurs tels que l’honneur et le dévouement, qui fait la part belle aux sentiments cachés derrière des masques de marbre qu’on apprend progressivement à déchiffrer, qui nous embarque dans une partie d’échecs dont la dimension humaine ne nous échappe jamais, et qui nous pousse sans cesse à réfléchir sur ce qui est moralement acceptable. Le rythme est trépidant, on passe sans transition de la contemplation d’un domaine fleuri et paisible à un bras de fer politique qui prend souvent un tour meurtrier. Du grand spectacle ! Incontournable pour ceux qui rêvent d’évasion. À lire et à relire !

Ecrit par Julie