La chronique du roman « Ne deviens jamais vieux ! » de Daniel Friedman

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Memphis. Buck Schatz tombe des nues lorsqu’il apprend que son ennemi juré, Heinrich Ziegler, incarnation du mal absolu, n’est pas mort en Russie comme il l’avait toujours cru. Quelques années plus tôt, il aurait certainement entrepris toutes les démarches possibles pour retrouver Ziegler. Mais si Buck est une légende de la police, celui qui, dit-on, à servi de modèle à Clint Eastwood pour L’inspecteur Harry, il a aujourd’hui 87 ans et profite d’une retraite qui lui permet de jouir en paix de ses deux principaux plaisirs : fumer ses cigarettes et assassiner son entourage de ses traits d’humour cinglants.

Toutefois il y a des réflexes qui ont la peau dure, et lorsque Buck décide malgré tout de ressortir son 357 magnum et d’aller fouiller cette étrange histoire, il est loin d’imaginer les dangers auxquels il s’expose. Mais si Buck n’a plus vraiment le physique de l’emploi, il a maintenant un style propre à désarmer le plus acharné des adversaires.

Avec cette irrésistible aventure d’un vieillard pas mécontent de s’offrir une dernière virée avant la nuit, Daniel Friedman nous offre non seulement un premier roman captivant mais surtout l’un des personnages les plus attachants de l’univers du noir rencontrés depuis longtemps. Dans la lignée de Donald Westlake et d’Elmore Leonard, Friedman démontre ici avec brio à ceux qui en doutaient encore qu’hormis l’hypertension et le cholestérol, ce qui ne nous tue pas nous rends plus forts.

Il est sorti en mai 2013 aux Editions Sonatine, 350 pages, 20€.

Mon avis:

Buck Schatz, le héro du livre, a 88 ans et il est juif.

Pourquoi ces précisions ? Parce que son âge est le point central du roman et que l’homme a connu la déportation. Tout cela tourne un peu dans sa caboche de papy lorsqu’on lui annonce que son tortionnaire de l’époque serait encore vivant et qui serait parti avec un trésor de guerre.

Voilà pour l’histoire, mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel c’est le personnage de Buck en lui-même.

Parce que Buck a été un dur, une ancienne légende de la police. Parce que Buck est une teigne, un grincheux, dont les préoccupations initiales se rapprochent plus de l’état de sa prostate que de la vie des gens autour de lui.

Parce que le personnage de Buck est assez inoubliable, sorte d’inspecteur Harry du troisième âge qui constate, à chacun de ses actes, que son corps et sa mémoire sont un peu trop vieux pour ce genre d’affaire.

Quel caractère ce Buck ! Un bel emmerdeur, à la belle répartie, un personnage culotté et imputent pour un roman au ton diablement cynique. Malgré son caractère, il en devient très vite attachant.

L’histoire propose son lot de violence et de meurtres, mais on est tout de même assez loin des stéréotypes du polar. Le propos est un peu ailleurs, grâce à ce personnage étonnant, plein de mauvais esprit, qui tente de faire un pied de nez à la vieillesse et déjouer la mort.

Une nouvelle belle découverte de la part des éditions Sonatine, avec ce papy qui fait de la résistance.

 Ecrit par Gruz