La chronique du roman « Bone season, T1: Saison d’Os » de Samantha Shannon

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« J’aime à croire que nous étions initialement plus nombreux. Pas des milliards, mais plus qu’aujourd’hui. Nous sommes la minorité que l’humanité refuse d’accepter. Nous ressemblons à tout le monde. Parfois, nous nous comportons comme tout le monde. Nous sommes partout, dans chaque rue. Nous vivons d’une façon que vous pourriez juger normale, à condition de ne pas y regarder de trop près. Nous ne savons pas tous ce que nous sommes. Certains d’entre nous meurent sans jamais l’apprendre. D’autres le découvrent, et ne se font jamais attraper. Mais nous sommes là. Croyez-moi… »
Londres, 2059. Paige Mahoney travaille pour une organisation criminelle souterraine. Son job : glaner des informations en s’insinuant dans le cerveau des gens – illégalement. Car Paige est une clairvoyante, « une anormale », et elle n’est pas la seule. Mais selon les règles de Scion, son existence même est déjà une trahison…

Il est sorti le 11 juin 2014 aux Editions J’ai lu, 13.90€.

Mon avis:

*Coup de cœur*

J’espère vraiment que ce livre connaîtra le succès qu’il mérite, car l’auteure propose un univers très dense qui n’est pas sans rappeler le mélange magique et futuriste de la série Danny Valentine, sauf que nous sommes à Londres, une ville peuplée de fantômes et d’une catégorie particulière de surnaturels, les voyants. Ce monde est riche d’une véritable histoire, condensée d’événements clefs qui viennent justifier le régime dictatorial en place. Elle est d’autant plus crédible que les protagonistes ne sont pas tous originaires du Royaume-Uni, mais également de pays comme l’Irlande. Samantha Shannon nous livre d’emblée des informations qu’on prend pour acquises comme Paige, puis elle sème des doutes dans l’esprit du lecteur qui découvre brutalement l’envers du décor. Il remonte la frise du temps qui se dédouble entre une version officielle et une autre plus obscure.

Le personnage féminin n’a rien à envier aux héroïnes d’urban fantasy. Elle est jeune, 19 ans, mais elle est paradoxalement très mature du fait de sa vie mouvementée. Il faut dire qu’elle possède un don atypique et convoité lié à l’éther et aux fantômes, mais également aux esprits des vivants. J’ai vraiment adoré sa voix volontaire, loyale, sans prétention et technique quand il s’agit de décrire la magie. Une jolie romance s’invite dans l’histoire, sans jamais l’éclipser ou devenir trop lourde. Elle n’est pas tout feu tout flamme, elle se met en place progressivement et repose avant tout sur la confiance accordée dans des conditions pourtant précaires.

Ce qui différencie ce livre de beaucoup d’autres, c’est ce mix entre le cadre urbain où des mafias magiques s’opposent et un pan plus dystopique, vraiment à part, qui contraint Paige à vivre dans une sorte de royauté où les humains sont traités comme des animaux par un peuple puissant issu d’un outremonde. Le glissement est bien orchestré, on y croit et on s’attache à tous les personnages croisés. J’ai grandement apprécié que Paige dévoile ses failles de jeune femme ordinaire en cours de route, alors que cet aspect est souvent passé sous silence, faute de temps et de place, dans les romans de ce type.

C’est un livre parfaitement calibré dont j’attends la suite avec impatience.

Ecrit par Julie