La chronique du roman « Indulgences »de Jean-pierre Bours

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Dans une Allemagne entre Moyen Âge et Renaissance, dans un monde que se disputent la peste et la lèpre, la famine et la guerre, deux femmes se battent pour accomplir leur destin. Au crépuscule du Moyen Âge, au coeur de la forêt saxonne, une jeune femme abandonne son enfant avant d’être rattrapée par les gardes du seigneur de Magdeburg qui l’accuse de sorcellerie. Depuis la  » Hexenturm*  » et ses fantômes avilissants, elle va choisir d’assurer seule sa défense. Quinze ans plus tard, alors que les premiers feux de la Renaissance et de la Réforme commencent à briller sur Wittenberg, Gretchen – qu’immortalisera Goethe trois siècles plus tard – ne sait pas encore que la quête de son identité l’amènera à croiser ceux qui sont en train d’écrire l’histoire, qu’il s’agisse de Luther, Cranach ou du très mystérieux docteur Faust. Quel lien unit ces deux femmes ? Quel secret les rapproche ? La Renaissance que découvre Gretchen et le Moyen Âge dans lequel se débat Eva sont-elles des périodes si distinctes ? La lumière a-t-elle vraiment succédé à l’ombre ? Et le bien au mal ? * Hexenturm : la tour des sorcières.

Il est sorti le 30 octobre 2014 chez  HC EDITIONS, 22 €.

Mon avis:

Je remercie sincèrement Babelio de m’avoir proposé « Indulgences », car sans eux, je serais certainement passé à côté de ce fabuleux roman.

Nous nous retrouvons plongés au cœur de l’Allemagne au début du 16e siècle, où guerres intestines et superstitions médiévales font rage.

On suit le destin de deux femmes fortes et courageuses, à quelques années d’intervalles, qui se dresseront face au carcan de cette époque. La première s’appelle Eva, et est arrêtée pour sorcellerie. Nous serons spectateurs de son chemin et des horreurs qu’elle subira pendant l’inquisition. En alternance, nous suivons Gretchen, la fille d’Eva qui est à la recherche ses origines, de sa mère qui l’a abandonné à la naissance et qui essayera de vivre la vie qu’elle a choisie.

Leur parcours sera houleux et riche, jusqu’à ce que leurs destins se rejoignent d’une manière ou d’une autre. Le tout est raconté par Méphistophélès qui reste le fil conducteur.

J’ai adoré me plonger dans cette histoire à l’atmosphère mystérieuse et sombre. La plume de Jean-Pierre Bours est riche, descriptive sans être lourde. La lecture est fluide, le rythme soutenu : on ne s’ennuie jamais, tournant les pages avidement.

C’est un récit très bien documenté. L’auteur nous décrit sans fioritures ce qu’était de vivre à cette période rude où pillards, pauvreté, injustice et maladie sévissaient.

Il nous parle également du développement de l’imprimerie, du commerce des Indulgences qui lance la Reforme protestante.

Le tout est enrichi par une galerie de personnages fascinants et intrigants, les bons comme les mauvais. On rencontrera Martin Luther qui fera front à la papauté, Frederic 3 de Saxe, Lucas Cranach peintre et graveur. Mais également, l’énigmatique Faust. D’ailleurs, Jean-Pierre Bours s’est inspiré de l’œuvre de Goethe pour le personnage féminin de Gretchen. C’est passionnant.

Pour conclure :

« Indulgences » est une fresque historique palpitante, intense et touchante. Un mélange de fiction et de légende, le tout bien ancré dans la réalité. Jean-Pierre Bours nous offre un ouvrage de qualité envoûtant.

C’est un coup de cœur ! Un roman à lire, assurément !

Lucas_Cranach_-_Antichrist

Le Pape signant et vendant des indulgencesvu comme l’Antéchrist parLucas Cranach l’Anciend’après le Passional Christi und Antichristi deMartin Luther (1521)