La chronique du roman « Satan était un ange » de Karine Giebel

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Tu sais Paul, Satan était un ange… Et il le redeviendra. Rouler, droit devant. Doubler ceux qui ont le temps. Ne pas les regarder. Mettre la musique à fond pour ne plus entendre. Tic tac… Bientôt, tu seras mort. Hier encore, François était quelqu’un. Un homme qu’on regardait avec admiration, avec envie. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un fugitif qui tente d’échapper à son assassin. Qui le rattrapera, où qu’il aille. Quoi qu’il fasse. La mort est certaine. L’issue, forcément fatale. Ce n’est plus qu’une question de temps. Il vient à peine de le comprendre. Paul regarde derrière lui ; il voit la cohorte des victimes qui hurlent vengeance. Il paye le prix de ses fautes. Ne pas pleurer. Ne pas perdre de temps. Accélérer. L’échéance approche. Je vais mourir. Dans la même voiture, sur une même route, deux hommes que tout semble opposer et qui pourtant fuient ensemble leurs destins différents. Rouler droit devant, admirer la mer. Faire ce qu’ils n’ont jamais fait. Vivre des choses insensées. Vivre surtout… Car après tout, pourquoi tenter sans cesse de trouver des explications ?

Ce livre est sorti le 13 novembre 2014 aux éditions Fleuve Noir, 336 pages, 18,90€.

MON AVIS :

Ayant beaucoup aimé Juste une ombre de l’auteure, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai commencé la lecture de ce roman. Malheureusement, j’ai peiné à arriver jusqu’au bout de ma lecture tant je n’ai pas retrouvé le style choc de Karine Giebel qui avait superbement servi la psychologie écorchée vive et volcanique de ses deux précédents héros. Paul et François, que l’on découvre grâce à une alternance parfois à même un chapitre (un découpage que je n’ai pas trouvé des plus judicieux), m’ont non seulement paru stéréotypés, mais insipides. Le texte est froid, sans âme, très formaté et, parfois même, redondant dans les pensées de François.

La trame de départ était plutôt sympathique, à savoir les deux hommes que tout oppose et qui vont être amenés à se serrer les coudes malgré tout face à une affaire qui les dépasse. Le rythme, comme le style, est nerveux, mais je n’ai éprouvé aucune sympathie ni aucune compassion pour le quadragénaire riche atteint d’un cancer (ce que l’on devine dès le début, en fait, malgré un effet de suspense qui veut que le pot aux roses ne nous soit dévoilé qu’au bout de quelques chapitres…) et le jeunot qui se la joue petite frappe amère de la vie. Le trait de ces deux personnages manque de finesse.

Ça ne sert à rien que je m’étale sur le reste du roman au risque de spoiler gratuitement, le principal est dit : la psychologie caricaturale et le cliché ultime des classes sociales ont rendu ma lecture pénible… Pour le reste, je dirai juste que je n’ai pas non plus adhéré à ce parallèle religieux que l’auteure a voulu instaurer, pas plus qu’aux citations des Fleurs du Mal de Baudelaire qui m’ont laissée perplexe jusqu’à la fin. Une fin convenue, alors que l’auteure m’avait franchement surprise dans Juste une ombre en n’hésitant pas à sacrifier des protagonistes pour servir son intrigue.

J’espère retrouver le même enthousiasme que j’avais ressenti pour Juste une ombre dans le prochain roman de l’auteure, car elle a, en temps normal, une patte humaine atypique qui fait monter la pression émotionnelle jusqu’à permettre une identification totale.

Ecrit par Julie