La chronique du roman « La Rose et la Tour » de Fiona McIntosh

1

En 1715, le comte de Nithsdale rejoint la rébellion jacobite écossaise. Accusé de trahison, il est arrêté et attend la peine capitale, emprisonné à la Tour de Londres. En 1978, Jane Granger se fiance avec Will, un descendant des Nithsdales, et est assaillie par le doute. Lorsque Will tombe dans le coma, Jane fait le serment de le sauver. Par un curieux coup du sort, elle se retrouve plongée au cœur du XVIIIe siècle et est convaincue que Will se réveillera si elle libère le comte. Mais elle rencontre alors un séduisant noble qui peut bouleverser sa vie dans le passé comme dans le futur…

Ce roman est paru le 20 mars 2015 aux éditions Milady Romance, 15,20€.

MON AVIS :

Décidément, après avoir tenté de lire Odalisque, je crois que Fiona et moi ne sommes pas faites pour nous rencontrer littérairement parlant… Elle utilise des ficelles scénaristiques qui ne m’avaient pas convaincue précédemment, et qui, après les avoir retrouvées dans cette romance, m’apparaissent comme étant des tocs d’écriture auxquels je suis totalement hermétique.

Je ne le cache pas, j’ai tenu à lire La Rose et la Tour parce que le pitch me rappelait furieusement Outlander. On sent d’ailleurs la volonté éditoriale de le rapprocher de cette série avec un titre tout en mimétisme de construction : La Rose et la Tour vs. Le Chardon et le Tartan… À noter que le titre d’origine est Tapestry (=Tapisserie) et qu’il aurait sans doute mieux valu le conserver pour éviter ce rapprochement peu judicieux à mon sens.

C’est donc mi-sceptique quant au timing de sortie de ce livre (2014 en vo) qui coïncide avec le début de l’adaptation TV d’Outlander, mi-curieuse (sincèrement, malgré les apparences…) que j’ai entamé ma lecture. Si je n’espérais pas que le roman égale le chef-d’œuvre de Diana Gabaldon, je m’attendais tout de même à en ressortir satisfaite vu les ingrédients proposés. Non seulement je n’en suis pas du tout ressortie satisfaite, mais, en plus, je me suis sacrément ennuyée tout du long de ce pavé jusqu’au bout duquel j’ai été avec le sentiment de traverser un désert d’émotion.

Le défaut principal de ce roman, c’est Jane, l’héroïne. Elle n’a pas d’envergure, tout au plus celle d’un personnage secondaire. Son point de vue est lisse, convenu ; je n’ai éprouvé aucune sympathie à son égard et me suis lassée, dès les premières pages, de ses hésitations amoureuses. L’auteur tient à nous la faire passer pour une femme opiniâtre et volontaire, et elle va jusqu’à donner l’impression qu’elle impose ce trait de caractère sans fondement en répétant presque mot pour mot la même réplique dans la bouche de deux personnages différents.

Page 47 Will, le fiancé : « Au contraire, c’est une qualité rare. Tu n’as pas besoin de baguette magique. Tu es le genre de personne qui obtient des résultats par la seule force de ta volonté. »

Page 108 Robin, le voyant : « Il semblerait que votre penchant naturel à prendre les choses en main soit l’un de vos atouts majeurs dans la vie… Vous êtes de celles qui obtiennent habituellement ce qu’elles veulent pour peu qu’elles s’y consacrent avec opiniâtreté. »

Jane n’a pas su gagner mon affection, ni éveiller mon intérêt même quand nous sommes dans le passé… À propos du passé, d’ailleurs, si je ne peux décemment pas contester les recherches effectuées par l’auteur, je pense qu’elle a trop voulu en faire/en mettre. Les alternances du début qui nous projetaient en 1715 m’ont fait l’effet de lire un condensé d’événements clefs extrait d’un manuel d’histoire.

Plus généralement, je dirai que le roman souffre de longueurs considérables, au moins sur le début. En effet, il faut compter environ 130 pages pour sauter dans le temps… Et, en attendant, on a droit à des tiraillements d’amour et de culpabilité. Enfin, dernier point sur lequel je m’appesantirai, c’est le protagoniste « cheveu magique sur la soupe » que j’ai encore dû subir ici. Encore, car Robin le voyant est, pour moi, un Paz 2 (le nain faux idiot d’Odalisque qui met en marche les destins de tous).

Je ressors déçue de ma lecture, j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps. Je ne sais pas si l’auteur a voulu surfer sur la vague Outlander, ni même si elle l’a fait consciemment, mais en dehors de ce timing suspect, son roman manque cruellement de saveur. À vouloir faire compliqué/intelligent pour éblouir, on en oublie l’essentiel : la spontanéité et l’émotion. Une erreur impardonnable pour une romance historique…

Ecrit par Julie