La chronique du roman « Gretel and the Dark » de Eliza Granville

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«PEUT-ÊTRE EST-CE CE QUI ARRIVE QUAND ON INVENTE DES HISTOIRES À L’INTÉRIEUR D’HISTOIRES QUI SONT ELLES-MÊMES DES CONTES DE FÉES : ELLES DEVIENNENT HORRIBLEMENT RÉELLES.

Voici la sombre et fascinante histoire de deux mondes parallèles.
Vienne, à la fin du XIXe siècle. Josef Breuer – célèbre psychanalyste – est sur le point dette confronté au cas le plus énigmatique de sa carrière. Trouvée près d’un asile d’aliénés, maigre, la tête rasée, la jeune fille prétend n’avoir pas de nom, pas de sentiments – être, en fait, une machine revenue pour nier le Monstre. Intrigué, Breuer est déterminé à comprendre les racines de ses maux.

Quelque part en Allemagne, bien des années plus tard. Krysta est une petite fille dont la mère a mis fin à ses jours et qui tyrannise ses gouvernantes et son père, médecin dans un étrange dispensaire… Plongée dans le souvenir des contes de fées que lui racontait sa nounou d’antan, elle lutte pour trouver sa place quand, un matin, on découvre son père mort étranglé dans son lit. Désormais, la fillette est véritablement seule au monde, sans rien ni personne pour la protéger.

Il est sorti le 6 mars 2015 aux Editions Mirobole, 22€.

Mon avis:

Gretel and the dark est une histoire qui ne laisse pas indifférent et c’est le moins que je puisse dire. J’aime beaucoup les contes originaux mais j’ai une très nette préférence pour les réécritures, de voir comment un auteur se les réapproprie. Eliza Granville propose une intrigue à la fois sombre et angoissante. C’est un roman très intéressant.

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Deux histoires sont posées dès le début. Rien ne semble les lier et, pourtant, au fur et à mesure, des passerelles semblent se mettre en place. En lisant les deux intrigues, des éléments rejaillissent mais de manière détournée. Le lecteur comprend les aspects, les non-dits de l’une ou l’autre des intrigues ainsi. Dans ce sens, ce romain m’a fait passer à un autre, Le livre des choses perdues de John Connolly. J’ai retrouvé beaucoup d’aspects qui m’avaient énormément plu dans ce dernier dans Gretel and the dark. Je viens d’évoquer les deux récits qui viennent s’entremêler mais ce n’est pas tout.

En effet, j’ai aussi aimé l’ambiance très sombre, malsaine et angoissante. Elle dérange par moment, met le lecteur mal à l’aise. Cette atmosphère est d’autant plus renforcée qu’il y a énormément de non-dits, de choses qui sont simplement évoquées. La quatrième de couverture nous donne quelques indices. Aussi non, le lecteur doit faire appel à ses connaissances et à son imagination pour essayer de reconstituer certains éléments. Par ailleurs, l’auteur brouille habilement les pistes entre réalité et fantasme. Tout au long de ma lecture, je me suis demandé qu’elle était la part de vérité, où commençait le rêve… Les contes tiennent une bonne place et nous voyons quelle influence ils peuvent avoir, notamment pour expliquer, sans le dire de manière claire, ce qui est évoquée.

Finalement, à la lecture de Gretel and the dark, je me suis rendue compte qu’Eliza Granville a non seulement un style incomparable mais surtout qu’elle a vraiment pensé à tout. Certes, son intrigue se met doucement en place et il peut y avoir quelques passages à vide, des moments où l’histoire s’essouffle un peu. Cependant, il faut vraiment s’accrocher et les dépasser car tout, absolument tout, prend sens, en fin de compte, à la toute fin. C’est le dernier chapitre qui donne les clefs de compréhension et il fait l’effet d’une bombe. Gretel and the dark est un roman qui est maîtrisé du début à la fin et il est mené d’une main de maître. C’est un ouvrage qui, clairement, est de qualité et qui sort de l’ordinaire.

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Ce livre est un ouvrage que je recommande. Ce n’est pas le premier titre de cette maison d’édition que je lis et je suis toujours autant frappée par leurs choix. Ils proposent des romans à l’écriture irréprochable, avec des très bonnes idées qui sont toujours très bien développées mais surtout qui sortent des sentiers battus. Pour ma part, j’ai tout de même eu un coup de cœur pour ce roman d’Eliza Granville et j’espère qu’elle en sortira d’autres dans cette veine.

Ecrit par Avalon