La chronique du roman “L’épreuve , T1 : Le labyrinthe” de James Dashner

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Quand Thomas reprend connaissance, sa mémoire est vide, seul son nom lui est familier… Il se retrouve entouré d’adolescents dans un lieu étrange, à l’ombre de murs infranchissables. Quatre portes gigantesques, qui se referment le soir, ouvrent sur un labyrinthe peuplé de monstres d’acier. Chaque nuit, le plan en est modifié.
Thomas comprend qu’une terrible épreuve les attend tous. Comment s’échapper par le labyrinthe maudit sans risquer sa vie ? Si seulement il parvenait à exhumer les sombres secrets
enfouis au plus profond de sa mémoire…

Il est sorti le 4 octobre 2012 aux éditions Pocket Jeunesse, 18,50€

MON AVIS :

Si j’ai immédiatement trouvé le concept de départ sympa, grâce à une quatrième de couverture alléchante, a posteriori, je dois bien avouer que j’ai éprouvé jusqu’à la 300èmepage une espèce de distanciation avec le texte très désagréable. L’action et les révélations qui coulent à flots dans la dernière partie du récit remédient à ce défaut, mais trop tard à mon goût.

Nous suivons donc, ici, Thomas, un jeune homme qui ne se souvient de quasiment rien. En plus de devoir faire face à cette amnésie, il débarque dans un monde hostile. Il est accueilli par un clan d’adolescents vivant dans le bloc, un refuge au milieu de ce qu’il découvre être un labyrinthe, dans lequel rôdent des créatures dangereuses et meurtrières. On apprend au fur et à mesure que cette communauté bien huilée souffre des mêmes symptômes, et que cette amnésie collective est le fait de gens, les créateurs, qui tirent les ficelles de cette histoire. Commence alors pour Thomas une quête de son identité, qui lui laissera un goût amer…

Au sortir de cette lecture, mon avis est plus que mitigé. Non seulement, l’histoire traîne en longueur jusqu’au moment où Thomas entre enfin dans le labyrinthe mais en plus, l’écriture est simpliste, du moins dans la première partie du roman. Les dialogues en souffrent aussi puisqu’ils sont assez répétitifs du fait des ados qui ne cessent de houspiller Thomas. On a l’impression qu’en ayant perdu la mémoire, le personnage a également perdu sa faculté à ressentir. Le fait qu’il accepte mieux que ses compagnons sa nouvelle vie de prisonnier est justifié, mais cela n’explique par cette impression d’automatisme dans la réflexion. Tout est froid, presque sans âme. On observe, on constate, mais on ne ressent pas vraiment.

Plus j’y pense et plus je réalise que tous les problèmes d’immersion me concernant sont liés à l’écriture. Ainsi, j’ai même eu du mal à visualiser le labyrinthe en lui-même, à comprendre comment il était fichu. Peut-être n’ai-je pas assez d’imagination… Je mentirais si je disais que ça ne s’est pas amélioré, car dès le moment où Thomas revient dans le bloc après avoir affronté les créatures déchiquetantes, il gagne en profondeur et l’écriture s’en ressent, comme si cet affrontement l’avait ramené à la réalité, sorti de sa quête intérieure pour retrouver sa mémoire volée. Hélas, c’est arrivé trop tard pour m’enthousiasmer réellement. J’ai connu un regain d’intérêt quand les troupes se mobilisent lorsque la nature change d’aspect, menaçant la survie du camp de réfugiés. Thomas se révèle être un bon leader, et les choses sont amenées de manière crédible, dévoilant les rouages de cette machination ayant conduit à manipuler des enfants.

Il y avait vraiment une très bonne idée de départ. Cette amnésie collective a le don de titiller notre curiosité, nous amenant à nous interroger sur le pourquoi du comment. L’organisation dans le bloc est très intéressante, notamment la partie qui concerne les coureurs, ces garçons assignés à la découverte du labyrinthe dont ils doivent mémoriser les moindres zones. Ils incarnent l’espoir, et n’hésitent pas à mettre leur vie en danger, ce qui apporte un côté dramatique à l’ensemble. L’amitié entre Chuck et Thomas est sympathique, c’est d’ailleurs l’une des seules relations, hormis celle avec Minoh, qui m’a convaincue. J’ai déploré que l’histoire d’amour qui se dessine avec Teresa soit aussi timide. Sa simple présence ne suffit pas à « féminiser » le texte.

On se rend pleinement compte du potentiel de ce livre vers le dernier tiers lorsque Thomas découvre son identité et son implication réelle dans toute cette histoire d’enfermement sous contrôle. Les dernières scènes sont bourrées d’action, et elle est bien menée. De même, la fin nous donne matière à supposer pour la suite, même si on a paradoxalement l’impression que c’est le serpent qui se mord la queue.

Je ne doute pas que ce roman trouvera son public, en atteste le nombre de chroniques positives que j’ai pu lire jusque-là. Néanmoins, pour ma part, l’écriture simpliste a constitué un trop grand obstacle pour me permettre de m’immerger dans ce décor et d’éprouver une réelle compassion pour Thomas. Dommage, dommage…

écrit par Julie