Frank Parish, inspecteur au NYPD, a des difficultés relationnelles. Avec sa femme, avec sa fille, avec sa hiérarchie. C’est un homme perdu, qui n’a jamais vraiment résolu ses problèmes avec son père, mort assassiné en 1992 après avoir été une figure légendaire des Anges de New York, ces flics d’élite qui, dans les années quatre-vingt, ont nettoyé Manhattan de la pègre et des gangs.
Alors qu’il vient de perdre son partenaire et qu’il est l’objet d’une enquête des affaires internes, Frank s’obstine, au prix de sa carrière et de son équilibre mental, à creuser une affaire apparemment banale, la mort d’une adolescente. Persuadé que celle-ci a été la victime d’un tueur en série qui sévit dans l’ombre depuis longtemps, il essaie obstinément de trouver un lien entre plusieurs meurtres irrésolus. Mais, ayant perdu la confiance de tous, son entêtement ne fait qu’ajouter à un passif déjà lourd.
Contraint de consulter une psychothérapeute, Frank va lui livrer l’histoire de son père et des Anges de New York, une histoire bien différente de la légende communément admise. Mais il y a des secrets qui, pour le bien de tous, gagneraient à rester enterrés.
Il sort le 15 mars 2012 aux Editions Sonatine, 22€, 500 pages.
Mon avis:
Dès la première page, nous sommes dans le vif du sujet. Tommy, un toxicomane, égorge sa petite amie avec un rasoir. La journée ne fait que commencer pour Frank Parrish ; d’autres corps suivront…
On évolue avec les personnages dans les ruelles sales et nauséabondes de New York. L’atmosphère est pesante, on s’enfonce petit à petit dans un milieu où les limites et la morale n’existent pas.
Au premier abord, Frank Parrish n’est qu’un rustre, il a un sérieux penchant pour la bouteille, est injurieux et n’a aucun respect pour autrui.
Il est divorcé et n’est pas en bons termes avec son ex. Ils ont deux enfants : une fille et un garçon, de 20 et 22 ans, il s’ingère dans leur vie. Pour les personnages secondaires : Parrish fréquente couramment une call-girl et a un nouveau coéquipier, car le précédent est mort. Suite à ce décès, il est forcé de rencontrer une psychothérapeute régulièrement.
Au fil des pages, plus on avance dans l’enquête pour meurtres, et dans ses confidences à sa psy, plus on voit un flic qui n’est pas aussi « moche » qu’on le pensait. Profondément marqué par son père et les Anges de New York, il relate leur histoire et nous fait découvrir la mafia new-yorkaise depuis les années 1950.
R.J. Ellory ne s’embarrasse pas de longues descriptions, vous savez tout au plus l’âge et la couleur de cheveux des personnages. À la place, il insiste sur les émotions ressenties par les protagonistes, et notamment celles de Frank, les rendant ainsi bien plus humains qu’avec des descriptions physiques.
Les dialogues sont vraiment vifs et percutants, souvent grossiers, mais non dénués d’humour.
L’enquête et la légende des Anges de New York se suffisent à elles-mêmes et n’ont pas besoin de rôles plus imposants, ce sont elles, finalement, le personnage principal.
Pour conclure :
« Les Anges de New York » attaque fort, plusieurs cadavres en un jour, mais ensuite il faut un peu s’accrocher. Bien que très intéressants, les face à face avec son psy sont plutôt durs à suivre, pour quelqu’un qui n’est pas calé en histoire américaine. Cependant on prend vite goût à ce récit et l’on veut connaître la suite autant que la psy. Cette légende explique également les liens que Parrish entretenait avec son géniteur, et l’homme qu’il est devenu. Et l’on guette à chaque page si Frank Parrish évolura comme son père, s’il franchit, ou non, les limites. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire R.J. Ellory. Il place l’investigation au premier plan, faisant abstraction de l’aspect physique des personnages, mettant en avant leurs émotions. On est aussi frustré et impuissant qu’eux lorsque l’enquête ne suit pas le tournant voulu et l’on se surprend à sourire quand l’on tient une piste.
écrit par Jess