Ethelred Tressider écrit des romans policiers sous trois noms différents. Et, ces temps-ci, il a trois fois plus de problèmes que n’importe qui. Avec l’inspiration d’abord, qui commence à lui faire sérieusement défaut, avec son agent littéraire ensuite, l’encombrante Elsie, qui n’aime ni la littérature ni les écrivains, avec son ex-femme enfin, Géraldine, qui vient de disparaître mystérieusement. Lorsque le corps de celle-ci est retrouvé près de chez lui et que la police évoque la piste d’un tueur en série, l’infatigable Elsie pousse notre brave romancier à exploiter d’hypothétiques talents de détective pour résoudre cette étrange affaire qui, elle en est convaincue, saura lui rendre l’inspiration. Mais y a-t-il vraiment un tueur en série ? Et si oui, est-ce vraiment lui qui a tué Géraldine ?
Il sortira le 13 septembre 2012 aux Éditions Sonatine, 230 pages, 16,20€.
MON AVIS :
Voici un roman très court duquel on dévore chaque page tant l’humour et l’ironie, qu’il contient, le rendent addictif ! Il ne s’agit pas à proprement parler d’un polar, mais plutôt d’un roman d’intrigue dont on tente de percer le secret tout du long sans vraiment y parvenir, tant les personnages nous offrent des digressions cocasses, a priori sans rapport direct avec l’enquête.
Le narrateur, Ethelred Tressider, est un écrivain moyen, divorcé d’une femme volage, qui s’est éloigné de Londres pour mener une vie des plus morne. Mais attention, qui dit écrivain dit esprit intéressant. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celui d’Ethelred vaut son pesant d’or. Il nous mène en bateau du début à la fin, dépeignant sa vie et ses ratés – surtout ses ratés, ce qui nous amène à compatir avec ce pauvre gars pas si idiot que ça au final… Quoique…
En dehors de lui, il faut vraiment saluer la présence d’un personnage énormissime, je parle d’Elsie, l’éditrice de notre écrivain. Cette femme, accro au chocolat, a un culot et un franc-parler à nous faire tomber par terre. Son humour pète-sec fait mouche à chaque fois, et pour vous en convaincre, je me contenterais de vous citer une phrase, un bijou d’humour parmi tant d’autres : « Les écrivains ? Ils ne savent même pas péter sans un agent pour leur rappeler où est leur cul. »
Le duo que nos deux protagonistes forment est tout bonnement génial, leur dialogues sont directs et désopilants, et même si Elsie malmène Ethelred, allant jusqu’à lui dire que son nouveau roman est une « merde de chien », on sent qu’elle le respecte et l’apprécie vraiment. Jusqu’au bout…
Et l’intrigue dans tout cela, me direz-vous ? Eh bien, justement, tout l’intérêt de ce livre réside dans la faculté des personnages à nous détourner du but véritable du roman. L’histoire est la suivante. Géraldine, l’ex-femme d’Ethelred baptisée « la Salope » par l’impayable Elsie, disparaît avant d’être retrouvée morte… Contre toute attente, son ex-mari devient son exécuteur testamentaire, et nous le suivons, apprenant ce qu’a été sa vie avec la défunte, les sales coups qu’elle lui a faits, bref des vertes et des pas mûres. En dépit du côté morbide de la chose, Elsie pousse notre écrivain à résoudre ce mystère afin de stimuler son imagination pas très prolifique ces temps-ci.
Les théories pleuvent, mais s’évaporent avant de toucher le sol. Et Elsie a beau reprendre les rennes de cette enquête en milieu de livre, dans des passages qui sont entièrement consacrés à son esprit corrosif, on n’avance pas d’un poil jusqu’à un final où tout s’emboîte, comme les pièces d’un puzzle vicieusement distribuées au compte-gouttes.
Ce livre est d’une grande originalité, les personnages sont bourrés d’un humour dont ils nous régalent jusqu’à la dernière ligne. Bref, un livre british à souhait qui fait plaisir.
écrit par Julie