La chronique du roman “Lumen” de Robin Wasserman

Un manuscrit mystérieux. Des sociétés secrètes en lutte pour l’ultime pouvoir. Une héroïne moderne, brillante et passionnée, à la recherche de la vérité.

Un thriller à la Dan Brown, intense et fascinant.

Lycéenne brillante, Nora occupe ses vacances à traduire la correspondance de la fille d’un brillant alchimiste du XVIème siècle qui cherchait à créer la Lumen Dei, une machine permettant de communiquer avec Dieu. Mais en une nuit, la vie de Nora bascule. Son meilleur ami, Chris, est assassiné et Max, le grand amour de sa vie, a disparu et est accusé du meurtre.

Convaincu de l’innocence de Max, Nora enquête et ne tarde pas à comprendre que le meurtre est lié au manuscrit qu’elle est en train de décrypter, et à la Lumen Dei que certaines sociétés secrètes espèrent s’approprier à n’importe quel prix. La voici bientôt à Prague, à la recherche des 4 éléments constitutifs de la précieuse machine. Une course-poursuite infernale commence alors…

Il sortira le 4 octobre 2012 aux éditions De La Martinière Jeunesse, 15,90€

MON AVIS :

Après avoir englouti les 150 premières pages de ce livre d’une traite, grâce à un style tout en émotions et en suspense, j’ai connu un ralentissement imprévu d’autant de pages avant de revenir en plein cœur de l’action. Autant vous dire que cela m’a refroidie et que je n’en croyais pas mes yeux quand mon intérêt est revenu.

Mon avis sera donc mitigé, mais je commence à me dire que vu la qualité du bouquin, mon sentiment ne sera sans doute pas partagé par la majorité. Et j’ose espérer que vous serez assez curieux pour découvrir Lumen, qui a le mérite de dépareiller des livres jeunesse habituels en proposant une intrigue haletante et une belle écriture. Mitigée, je suis. Contradictoire, je risque d’être.

Nous débutons le livre avec un prologue court, d’une page environ, qui accroche immédiatement le lecteur par sa construction. Il révèle en effet à demi-mots qu’une tragédie, disons-le clairement un meurtre, a eu lieu dans la vie de Nora pour laquelle on éprouve d’emblée de la compassion. D’autant plus que son esprit a le don de décrire les choses avec une honnêteté presque poétique, qui n’est pas dénuée d’humour. Les 150 premières pages sont à peu près sur ce registre, et on suit Nora dans sa vie d’adolescente de dix-sept ans qui a dû gagner en maturité après la mort de son frère, Andy. Tout d’abord isolée, elle se fait un ami en la personne de Chris, avant de découvrir l’amour dans les bras de Max.

À côté de cela, tous trois se retrouvent à assister un professeur qui aspire à décrypter un livre vieux de 700 ans, dont le contenu est capital selon lui. Tandis que les deux garçons sont assignés à des retranscriptions « sérieuses », Nora, elle, doit traduire la correspondance d’Elizabeth, une jeune femme ayant vécu des siècles plus tôt. C’est à partir de là que commence le mystère du Lumen Dei, une invention qui permettrait aux hommes de communiquer avec Dieu.

J’ai adoré toute la première partie du roman qui nous permet de nous immerger dans la tête de cette jeune fille en deuil, qui vit avec le fantôme de son frère, et qui se prend d’amitié pour Elizabeth à laquelle on s’identifie avec elle. On peut dire que Nora est un personnage féminin comme on trouve peu en littérature jeunesse. Elle est mature, drôle et intelligente, c’est indéniablement l’atout majeur du roman.

À chaque lettre traduite, on va de supposition en supposition, et c’est malheureusement à cause de ça que je m’attendais à entrer au cœur de l’action de suite après l’évocation du meurtre de Chris, censé symboliser la démarcation nette dans le récit. Hélas, on revit les conséquences du deuil déjà évoquées concernant Andy, ce qui casse le rythme du livre et qui donne une sensation de redite, nous privant ainsi de l’action qu’on réclame à corps et à cris.

Outre cela, les menaces perçues par Nora restent dans le domaine de l’abstrait, on n’y croit sans y croire alors qu’on a vécu un meurtre si atroce qu’on s’attendait à ce que le quotidien de Nora soit bouleversé dans la même mesure. Mais non, nous sommes dans l’attente. Une attente qui dure trop longtemps. Ça commence un peu à bouger quand on se rend à Prague sur les traces du Lumen Dei, mais là non plus, je n’ai pas vraiment accroché avec le périple un peu trop aléatoire de nos jeunes héros jusqu’au moment où les vilains entrent en scène pour de bon. Et sans trop spoiler, la coïncidence suprême sur laquelle repose la prophétie du Lumen Dei m’a laissée sceptique. En effet, je ne vois pas le lien entre le sang et l’esprit, mais soit, je veux bien y croire. Après tout, le cadre est mystique.

Pourtant, ce ne sont pas les bons côtés qui manquent à ce roman. Une fois qu’on retrouve Max, le petit ami accusé de meurtre, les choses s’emballent et on va de révélation en trahison, avec des croyances qui prennent vie grâce à deux camps opposés, l’un voulant mettre la main sur le Lumen Dei pour l’utiliser et l’autre souhaitant le détruire. Le fanatisme est bien décrit, il apporte une dimension concrète et cruelle au récit, qui a manqué pendant un tiers du livre durant lequel on avait la tête dans les recherches qui avançaient trop lentement à mon goût. Le point fort du roman, c’est incontestablement l’espèce de complot au cœur duquel se retrouve Nora, manipulée habilement par tout le monde, ce qu’on ne voit qu’une fois qu’on a mis le doigt dans l’engrenage.

Voici donc un livre qui m’a déçue, mais cela tient surtout au fait que je m’attendais à plus d’action, plus vite. Pour ceux qui voudraient tenter l’aventure, ne soyez pas surpris de retrouver la trame du Da Vinci Code, car cela y ressemble beaucoup.

écrit par Julie