La chronique du roman « La prophetie de glendower, T1″ de Maggie Stiefvater

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Depuis l’enfance, Blue entend dire qu’elle tuera la mort de l’homme de sa vie… d’un simple baiser. Elle a donc résolu de ne jamais tomber amoureuse, ainsi le problème est réglé, la prophétie annulée. Pourtant, quand elle se voit entraînée dans le groupe des Corbeaux, elle se met à douter. Car, à la tête de cette bande de riches étudiants, se trouve Gansey. Or récemment l’esprit de Gansey est apparu à Blue. Depuis, elle ne cesse de se remémorer la prophétie : « Il n’y a que deux raisons pour lesquelles un esprit peut apparaître à un non-voyant à la veille de la Saint-Marc, Blue. Tu dois être soit l’amour de sa vie, soit la cause de sa mort. »

Il est sorti le 23 janvier 2013 aux Editions Black Moon, 453 pages, 18€.

MON AVIS :

En ouvrant ce roman, je m’attendais à retrouver la plume ô combien lyrique et incomparable de ma très chère Maggie Stiefvater, mais également son talent sans pareil pour nous créer de beaux personnages avec des sentiments tout en pureté et en couleur. Les histoires de cette auteure sont souvent lentes, mais c’est ainsi qu’on les aime (ou pas), pour la balade qu’elles nous offrent avec cette douceur dans le son des mots qui nous coupe du monde le temps du récit. Ce ne fut pas le cas ici, au point que j’ai douté, à quelques rares passages près, que ce livre soit écrit par elle.

J’ai vraiment laissé une chance, voire plusieurs, à ce roman pour me séduire. Si de prime abord je n’ai pas retrouvé le style de l’auteure, j’ai persévéré en me disant qu’il allait gagner en intensité émotionnelle à mesure que les personnages se dévoileraient. Hélas, j’ai attendu en vain et en toute honnêteté, j’ai subi cette lecture pendant les deux tiers du roman, et j’ai à peine connu un regain d’intérêt sur la dernière partie où l’action concrète, quoique finalement rapide, arrive.

La narration est faite à la troisième personne, un choix qui se justifie, à moitié seulement, par la présence de nombreux protagonistes mis successivement en lumière. Si le début prend les allures d’un conte avec ce côté familial pas désagréable, on aspire vite à changer de registre pour entrer dans un genre plus rythmé qui collerait mieux au style qui, même s’il est loin d’être mauvais, apparaît sans saveur par rapport à ce à quoi l’auteure nous avait habitués.

L’histoire en elle-même n’est pas inintéressante avec cette quête d’un roi endormi au croisement de lignes de pouvoirs, tout comme le cadre de cette ville paisible où des gosses de riche allant dans une école huppée sont mal vus par le reste de la population. L’idée de la famille de mediums était bien trouvée, ainsi que leur manière de communiquer avec l’au-delà. Malheureusement, en dépit de tout cela, le mélange entre fantastique et problèmes familiaux du quotidien est très mal dosé. Sans compter qu’on a droit à des explications longues et fastidieuses sur l’existence de ces nébuleuses lignes de Ley. Dans un bon roman fantastique, on ne doit jamais oublier le côté surnaturel, même quand on explore le passé des personnages. Ici, pendant des scènes entières, on joue presque les assistantes sociales par procuration face à tous ces garçons abîmés par la vie. Oui, on les plaint, mais le fait de s’appesantir autant sur leurs soucis nous éloigne de la trame principale, à laquelle on a du mal à se raccrocher le moment venu. Qui plus est, au départ, ces garçons, appelés les corbeaux, ne sont pas facilement identifiables car ils apparaissent tous d’un bloc sans réel soin apporté à leurs descriptions respectives, on ne sait pas qui est qui. Cette impression s’estompe au fil de l’histoire, on arrive même à éprouver de la compassion pour eux, mais hélas pas assez à mon goût pour me faire oublier tout ce qui ne va pas dans ce roman, malgré la noirceur appréciable qui s’invite dedans vers le milieu.

Ce qui m’a le plus posé problème au final, c’est d’espérer une histoire d’amour (« Si elle embrasse l’amour de sa vie, il mourra. ») qui se dessine seulement timidement et pas de manière convaincante… Pourtant, on est quand même titillé par ce mystère qui plane au-dessus d’un potentiel triangle amoureux, même si le terme est trop fort en l’espèce.

C’est donc une grosse déception pour moi qui ai adoré Les Loups de Mercy Falls et apprécié l’autre saga sur les fées de Maggie Stiefvater. En plus de ne pas retrouver la beauté du style de l’auteure, qui est un peu sa marque de fabrique, j’ai souffert du mauvais dosage entre l’ordinaire et l’extraordinaire, source de longueurs pesantes qui ne m’ont malheureusement pas permis de m’attacher aux personnages principaux. 

Ecrit par Julie