La chronique du roman « Demain j’arrête ! » de Gilles Legardinier

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Comme tout le monde, Julie a fait beaucoup de trucs stupides. Elle pourrait raconter la fois où elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle où elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu’elle n’a pourtant jamais vu, obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier…

Mais tout cela n’est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu’elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret. Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants, jusqu’à pouvoir enfin trouver la réponse à cette question qui révèle tellement : pour qui avons- nous fait le truc le plus idiot de notre vie ?

Il est réédité le 4 avril 2013 aux éditions Pocket, 7,60€.

MON AVIS :

Plus qu’un coup de cœur pour ce livre, c’est un coup de cœur pour l’auteur que j’ai eu. Car comme le dit si bien le proverbe « il n’y a pas de fumée sans feu », et pour qu’un roman déborde d’autant d’honnêteté, d’innocence et de conviction, c’est que quelqu’un qui réunit toutes ces qualités a bien voulu les projeter dans ses écrits. À ce propos, le point de vue féminin est tellement bien exploité qu’on est en droit de se demander si Gilles n’entend pas nos pensées comme Mel Gibson dans Ce que veulent les femmes. Oui, vraiment, le doute est permis…

Demain j’arrête prouve qu’il n’y a pas besoin d’aller chercher l’extraordinaire pour captiver les foules, il suffit pour cela de décrire l’ordinaire à travers le regard touchant d’une héroïne comme Julie. Drôle, gentille, excessive, elle a tout d’un personnage inoubliable, de l’amie loufoque qu’on veut absolument avoir dans nos vies. Grâce à une voix teintée d’un humour absolument délicieux, l’histoire de sa vie prend la saveur d’un concentré d’anecdotes. Et là où l’auteur fait très fort, c’est que sous ce couvert de légèreté, il parvient à nous nouer l’estomac. Parce que la motivation de Julie, c’est l’amour le plus pur qui puisse exister. Julie a choisi d’aimer les gens et de le leur prouver.

Julie approche donc de la trentaine, et comme tout bon presque trentenaire, elle fait le point sur sa vie, prenant en compte ses propres sentiments et l’image que lui renvoie son entourage. Lors d’une soirée, un invité lui demande ce qu’elle a fait de plus idiot dans sa vie, et avec sincérité, elle se confie à nous, nous racontant les événements récents qui l’ont conduite à faire LA chose la plus folle qu’elle ait jamais faite. Évidemment, il y a eu des signes avant-coureurs avant cela, et c’est avec enthousiasme qu’on la suit dans son obsession pour son voisin, Ric, qui non content de la transformer en gentille voyeuse, lui fait prendre des bonnes décisions dans sa recherche du bonheur.

Paradoxalement, même si ce livre apparaît comme étant un récit très introspectif, écrit à la première personne du singulier dans une volonté de nous rapprocher d’emblée de l’héroïne, eh bien, c’est également un livre très humain, ouvert sur le monde, qui nous fait aimer les gens, qui nous pousse à être indulgents. L’innocence véhiculée ici est une véritable bouffée d’air frais, qui fait qu’on ne peut pas s’empêcher de sourire, voire de rire, tout au long de la lecture. Quand on est avec Julie, on glisse dans des chaussons familiers et confortables, on se sent comme à la maison. Son langage direct, sa façon de dépeindre ses proches, de s’insurger contre l’injustice au quotidien, tout ça c’est aussi beau qu’une œuvre d’art, surtout quand on est un peu blasé.

Dans ses remerciements, Gilles Legardinier dit que si cette histoire nous a fait du bien, il ne lui en faut pas plus pour être heureux. Mission accomplie, il peut se permettre de sourire comme le chat de Cheshire. Mais bien sûr, nous l’encourageons à le faire en écrivant.

Ecrit par Julie