La chronique du roman « La trilogie de l’empire, T1 : Fille de l’empire » de Raymond E. Feist & Janny Wurts

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Elle s’appelle Mara. Elle devait rentrer au couvent pour le reste de sa vie, mais le destin en a décidé autrement. La mort de son père et de son frère la propulse du jour au lendemain dame du clan Acoma. À dix-sept ans à peine, elle se retrouve à la tête de l’une des familles les plus prestigieuses qui soient. La lutte pour la survie commence… Car dans l’empire, les nobles s’affrontent pour le pouvoir au sein du terrible jeu du Conseil. Intrigues, complots, alliances : tous les coups sont permis tant que les traditions sont respectées. Lorsqu’on est une femme dans un monde d’hommes, comment restaurer l’influence de sa maison ? Comment rester crédible au Conseil sans risquer la mort ? Seul un pari désespéré pourrait permettre à Mara d’échapper aux assassins et aux manigances de ses rivaux

Il est sorti le 22 février 2013 aux Editions Milady, 594 pages, 10,20€.

MON AVIS :

Fille de l’empire augure d’une trilogie exceptionnelle et passionnante, qui invite et retient le lecteur dans un univers japonisant d’une élégance rare, où l’honneur et la dignité sont de mise. Hormis la présence de quelques éléments de fantasy, cette saga a tout d’une grande fresque historique qui dépeint l’ascension fulgurante de Mara, la fille d’une grande maison de l’empire, les Acoma, qui se retrouve orpheline et doit venger la mort de son père et de son frère en entrant dans le jeu du Conseil, complexe et mortel, tout en assurant sa propre survie et la pérennité de son clan.

Si d’ordinaire je trouve l’écriture à quatre mains maladroite, ici, les deux auteurs se complètent à merveille, et ce tandem mixte, empreint de la douceur et de l’humilité toutes féminines alliées à la fierté et à la pugnacité toutes masculines, distille de la magie dans chaque page. Grâce à des descriptions de paysages colorées et chantantes, à des décors majestueux, à des tenues de perles et de soie, à des scènes de batailles stratégiquement et visuellement irréprochables, le lecteur est happé du début à la fin, se sentant dépaysé comme jamais et toujours plus avide de connaître les prochains coups de notre ingénieuse Mara. Les jeux de pouvoir pour lesquels il faut peser le moindre mot et réfléchir à chacun de ses actes, tout comme la découverte des différents clans, alliés ou ennemis, sont terriblement addictifs.

Outre cela, et c’est sans doute ce qui rend la lecture aussi frénétique, le style est gracieux et fluide, d’une sobriété qui s’accorde parfaitement aux valeurs chères au cœur de notre jeune héroïne. Et même si ces mêmes valeurs pourraient apporter une certaine froideur au texte, comme le fait qu’il soit écrit à la troisième personne du singulier, il n’en est rien. On ressent tout avec acuité, que ce soit la fierté blessée, l’affection dissimulée mais sincère, ou encore la souffrance déchirante mais humble.

C’est un roman intelligemment construit, qui alterne à un rythme magistral les intrigues politiques, les scènes du quotidien et les combats. On suit une héroïne atypique, volontaire et déterminée, que les responsabilités les plus lourdes n’effraient pas, qui se prend même progressivement au jeu du Conseil, et qui sait s’entourer de personnages loyaux et donc très attachants. On l’admire immédiatement pour ses talents de conspiratrice, on la soutient car ses motivations sont pures et on espère que le vert des Acoma brillera durablement.

Dans ce tome, la jeune fille évolue sur une période de deux ans, elle a à peine 20 ans à la fin, et on a déjà du mal à la reconnaître. Elle a beaucoup perdu, est devenue mère, et on se dit que personne ne pourra freiner sa montée en puissance. Vraiment, rien ne manque à ce tome pour captiver. Et si on reste sur notre faim en termes d’amour et de magie, en sachant pertinemment que l’heure n’était ni à l’un ni à l’autre dans cet opus, le premier chapitre du livre suivant offert en fin de volume nous met l’eau à la bouche au moins concernant le premier point. J’ai hâte de lire le second tome pour étendre ma connaissance de ce fameux empire, notamment par le biais d’une guerre en cours dont on a souvent perçu les échos car l’équilibre du Conseil semble pouvoir en déterminer l’issue.

Ecrit par Julie