La chronique du roman « Le Châle de cachemire » de Rosie Thomas

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Pays de Galles, 1940. Jeune mariée, Nerys Watkins quitte la campagne galloise pour accompagner son mari missionnaire affecté en Inde. Alors que la guerre du Cachemire éclate, elle découvre Srinagar, la ville au bord du lac, où les Britanniques habitent de luxueux bateaux et dansent, flirtent et cancanent comme s’il n’y avait pas de guerre. Nerys est entraînée dans une dangereuse amitié et, au moment où elle retrouve son mari, l’innocente épouse galloise n’est plus la même femme. Des années plus tard, alors que Mair Ellis débarrasse la maison de son père, elle découvre un éblouissant châle ancien et une boucle de cheveux d’enfant. Se rendant au Cachemire sur les traces de ses grands-parents, Mair se lance dans une quête qui changera à jamais sa vie.

Ce récit épique mêle secrets de famille, amour sur fond de guerre et liaisons dangereuses. Avec comme toile de fond une évocation vivante et superbement documentée de l’Inde des années 1940, cette saga familiale bouleversante a connu un grand succès populaire et critique outre-Manche.

 Il paraîtra le 26 avril 2013 aux éditions Charleston, 22,50€, 496 pages.

MON AVIS :

Même si ce roman avait de nombreux atouts pour me séduire, il ne m’a pas vraiment convaincue, dans le sens où j’ai traîné des pieds presque tout du long. Je pense que cela a tout à voir avec la lenteur du récit et le fait que j’ai trouvé le point de vue de Mair peu pertinent, certaines scènes décrites à travers ses yeux étant superflues tant elles n’apportent rien à l’intrigue.

Heureusement, j’ai été séduite par l’esprit de Nerys, la grand-mère de cette dernière, que l’on suit dans un contexte exotique qui se situe durant la seconde guerre mondiale en Inde, là où cette jeune femme ayant suivi son missionnaire de mari va partir à la découverte des ses réelles aspirations.

Suite au décès de son père, Mair découvre un châle appartenant à sa grand-mère qui retient son attention autant par sa beauté que par le mystère qui l’entoure. Libérée de toute contrainte familiale, elle entreprend un voyage en Inde pour enquêter sur les origines de ce châle, où commence alors pour elle une quête initiatique.

Comme je le disais plus haut, le point de vue de Mair est trop lisse et comporte, par moments, de longues descriptions de décors ou de détails qui l’éloignent de l’enquête qui l’a, tout de même, conduite en Inde. Et lorsqu’on se focalise à nouveau sur celle-ci, les choses sont trop évidentes pour pleinement convaincre. De plus, je n’ai pas adhéré à la relation qui naît entre elle et un autre personnage qui se voit confronter à un événement tragique qui vient alourdir le côté dramatique du récit, alors que le passé suffit, à mon sens, amplement à nous émouvoir.

Nerys, quant à elle, est un personnage frais, une femme très lucide et intègre, à laquelle on s’attache dès le début. Et plus encore lorsqu’elle rencontre Rainer, un magicien et alpiniste qui a le mérite de titiller notre curiosité. C’est sûrement mon intérêt pour elle qui m’a donné envie de sauter les chapitres consacrés à Mair, pour retrouver son esprit pur et partager avec elle cette liberté qu’elle acquière au fil de ses péripéties. Ce que j’ai grandement apprécié dans ce roman, c’est l’amitié que Nerys partage avec Myrtle et Caroline, qui conduira ces trois femmes très différentes (chapeau à l’auteure pour ce contraste réussi) à se serrer les coudes dans une situation très délicate qui va impacter l’avenir des générations suivantes.

Voici un roman dépaysant qui présente un décor crédible et retranscrit fidèlement les mœurs britanniques des années 40. L’amour y est décrit avec une honnêteté pudique qui sied parfaitement à cette époque, et l’amitié est certainement ce qui nous emporte le plus ici. Dommage qu’il y ait un tel déséquilibre dans l’alternance de points de vue qui rend la lecture fastidieuse quand on suit Mair de nos jours…

Ecrit par Julie