La chronique du roman « Quand j’étais Jane Eyre » de Sheila Kohler

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1846, Manchester. Charlotte veille son père, le révérend Brontë, opéré des yeux. Elle n’a pas encore publié le chef-d’œuvre qui l’a sacrée romancière. Elle se raconte – un amour malheureux, le succès d’Anne et Emily, sa condition de gouvernante, le génie tourmenté de son frère, cette mère disparue trop tôt. Dans la ronde des souvenirs, elle cherche la lumière. Et écrira Jane Eyre.

Portrait gracile d’une femme, d’une fratrie et d’une oeuvre, ce roman-document original happé par une écriture cristalline interroge le mystère impérieux de la création littéraire. Sublime.

Il est sorti le 14 août 2013 aux éditions 10 18, 7,50€.

MON AVIS :

C’est un fait, les sœurs Brontë fascinent presque autant que leurs œuvres, le Jane Eyre de Charlotte et Les Hauts de Hurlevent d’Emily. Ce livre est l’occasion de revenir sur leur vie à toutes les trois, en incluant Anne, la plus jeune, mais j’y vois surtout un focus tout en émotions sur leurs ambitions communes, notamment celle qui les poussent à ne pas renoncer à leurs rêves d’auteur, malgré les rebuffades éditoriales et les obstacles sociaux de l’époque.

Sheila Kholer s’est basée sur des biographies, des articles ainsi que sur les lettres des sœurs elles-mêmes, pour nous offrir un roman-fiction très touchant, porté par une écriture poignante, qui nous donne envie de croire que les événements revisités se sont déroulés de cette manière.

Tout commence dans une chambre où Charlotte veille son père malade, c’est là qu’elle écrit Jane Eyre, berçant l’endormi grâce au frottement de sa plume qui court plus qu’elle ne glisse sur le papier. Grâce à une narration qui alterne présent et passé, mais qui ne perd pas le lecteur en route tant l’auteure se sert de réminiscences pour expliquer les décisions de l’instant, on découvre la vie dramatique de cette famille, la santé fragile qui accable presque tous ses membres, le manque d’argent, et dans tout cela les étincelles, rares mais éblouissantes, qui n’ont cessé d’alimenter les résolutions de Charlotte. Que c’est agréable d’imaginer que certaines rencontres clefs ont autant influencé des chefs-d’œuvre de la littérature anglaise.

Finalement, le but de Sheila Kohler était de combler le vide biographique qui concerne cette période charnière durant laquelle Charlotte est restée au chevet de son père, mais elle donne, avant tout, l’envie au lecteur, dont elle s’assure de capter sans cesse l’attention, de lire les œuvres majeures de cette famille talentueuse. C’est un très bel hommage qu’elle a rendu aux sœurs Brontë, ces femmes qui ont vécu pour l’écriture, je dirais même qui ont survécu grâce à elle.

Ecrit par Julie