La chronique du roman « Pierre, Feuille, Ciseaux » de Catherine Kalengula

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Alice a perdu ses parents dans un accident de voiture. Accueillie par sa grand-mère qui vit à Oxford en Angleterre, elle s’enferme peu à peu dans une bulle de solitude et de souffrance.
Shane est un jeune homme rebelle et torturé. Adopté par un couple d’Anglais lorsqu’il était petit, il sent que ses origines coréennes et la difficulté d’être différent l’éloignent de ses parents adoptifs. Artiste contrarié, il se console dans les bras de jeunes femmes qu’il rejette ensuite sans scrupules. Tout sépare donc Alice et Shane, qui vont se trouver pourtant être réunis, le temps d’une panne d’ascenseur. A la faveur de l’obscurité, les carapaces se fissurent, des liens se nouent, une étincelle naît. Alice parviendra-t-elle à apaiser la colère et
la violence de Shane ? Shane pourra-t-il redonner à Alice le goût à la vie ?

Il est sorti le 7 août 2013 aux Editions Hachette, 12,90€, 256 pages.

Mon avis:

Pourquoi ce livre ?

Il faisait partie de ma wish-list depuis sa sortie. En effet, de temps à autre, j’apprécie ces histoires d’amour adolescente un peu légère pour m’aérer l’esprit, me faire encore rêver au grand amour. Pierre feuille ciseaux, s’il ne transcende pas le genre, m’a tout de même permis de passer un excellent moment en compagnie de Shane et Alice, de retrouver un cœur de midinette et de lire une romance qui, en définitif, a su m’étonner.

Une romance adorable.

Dans ce genre particulier de roman, la rencontre entre les deux jeunes gens est toujours improbable, incroyable. Pour le dire autrement, ce sera souvent un événement qui arrivera plutôt rarement dans la vie quotidienne Par exemple, dans La probabilité statistique de l’amour au premier regardde…, les deux personnages principaux se rencontrent dans un avion en partance de Londres. Dans Pierre feuille ciseaux, c’est dans un ascenseur en panne que Shane et Alice vont se rencontrer pour la première fois.

L’avantage de choisir des événements légèrement extraordinaires est que le lecteur se surprend à rêver qu’il lui arrive la même chose ou presque. Le pire, c’est que ça fonctionne à merveille. Même en étant claustrophobe et ayant tendance à paniquer facilement, je me dis que c’est pas mal de trouver l’amour de sa vie dans un ascenseur en panne. En tout cas, cette première rencontre m’a énormément plu et elle a de quoi faire fantasmer.

Cependant, là où j’ai également été étonnée, c’est que je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait quelques scènes où le désir sexuel est clairement évoqué. Ce n’est pas forcément ce à quoi je m’attendais en ouvrant ce livre. Je m’attendais à une romance entre deux adolescents, plutôt jeunes adultes, en fait, qui restait assez soft sur ce point. J’ai été certes surprise mais, en même temps, cela ne m’a pas choqué.

Après tout, Alice a dix-huit ans et Shane a la vingtaine. Ce sont des choses absolument normales pour des personnes de leur âge et, finalement, j’ai apprécié la manière dont l’auteur l’aborde. Ce n’est pas cru ni vulgaire. Elle détaille surtout les préliminaires. Après, nous nous doutons de ce qui va se passer. Derrière, l’acte est aussi fait par amour avec l’idée d’attendre la bonne personne, le bon moment et, pour ma part, je trouve que c’est un message plutôt sain qui est véhiculé pour les adolescents qui vont lire ce livre.

Au final, c’est un livre léger et rafraîchissant. Le style de l’auteur n’est pas forcément des plus recherchés. Il est efficace, en allant à l’essentiel, ce qui fait du roman un livre agréable mais pas forcément le livre du siècle. J’avoue qu’il m’a tout de même tenu en haleine du début à la fin. J’étais curieuse de savoir s’ils allaient terminer ensemble, s’ils arriveraient à régler leurs soucis, même s’il était évident que Pierre feuille ciseaux allait se terminer sur une fin heureuse. Il ne pouvait pas en aller autrement, de toute manière. Je crois que je n’ai pas encore lu une seule romance où ça se terminait mal.

Des personnages attachants.

Alice et Shane sont tout de même des personnages qui ont un lourd passé. A travers eux, l’auteur essaie d’aborder des thèmes comme le deuil puisque la jeune fille a perdu ses deux parents, les relations avec les parents puisque Shane a des difficultés de communiquer avec les siens, l’adoption et les difficultés de trouver sa place. Nous trouvons également la volonté de s’affirmer, de faire de sa passion son métier… Ce sont des thèmes classiques mais plutôt intéressants.

Malheureusement, et c’est là le seul regret que j’ai à formuler concernant ce roman, l’auteur les survole. Elle ne va pas en profondeur des choses. Par exemple, Steph, l’amie d’Alice à Oxford, rêve de faire des études de théâtre pour devenir comédienne. J’ai trouvé qu’elle abandonnait trop vite cette idée pour aider sa mère au pub. Pourquoi ne peut-elle pas suivre les études qu’elle désire, tout en travaillant au pub et le reprendre après ? Il y a pas mal de petites choses comme celles-ci qui font que l’impression qui se dégage est que Catherine Kalengula reste peut-être trop en surface des choses. Elle évoque des choses qui sont intéressantes mais c’est tout.

Après, nous sommes dans un roman qui reste axé pour les adolescents et je comprends parfaitement que l’auteur n’a pas voulu noyer son lecteur dans une expertise ou une description psychologique qui lui aurait fait perdre quelques lecteurs, à mon avis au passage. En moins de deux cent pages, l’affaire est pliée. Cependant, Alice et Shane restent tout de même des personnages auxquels je me suis aisément attachée.

Toutefois, après avoir terminé ce livre et réfléchi à cette chronique, je me suis rendue compte que je me suis surtout sentie proche d’eux pour les épreuves que la vie leur a obligé de vivre (le décès des parents d’Alice, renversés par un chauffard, le fait que Shane essaye désespérément de trouver grâce aux yeux de son père adoptif…) que véritablement pour la manière dont ils ont agi tout au long de l’intrigue. Certes, le jeune homme a eu quelques gestes attendrissants mais ils étaient tout de même exceptionnels.

J’ai également trouvé dommage que l’auteur ne se concentre pas également sur Steph, la seule amie d’Alice. Pourtant, elle avait tout pour être un personnage intéressant. En effet, elle s’habille de manière colorée, essaie toujours d’être d’humeur joyeuse… Pourtant, dès la première rencontre avec cette dernière, on sent qu’il y a quelques choses derrière cette façade qui aurait pu être absolument génial à creuser. Malheureusement, Catherine Kalengula la relègue au second plan, voire au troisième en se concentrant peut-être trop sur la romance et les deux personnages principaux, leurs problèmes…

Oxford.

A la lecture de ce roman, j’avais presque l’impression que cette ville universitaire anglaise très réputée était un personnage du roman à part entière. Elle est très souvent évoquée (le lecteur ne risque pas d’oublier que l’action se passe à Oxford). Toutes les deux pages, nous avons le droit à un rappel sur cette ville, sur son architecture, ses fameuses courses d’aviron, ses pubs… C’est une vile que je rêve de découvrir (oserais-je dire que je rêve aussi d’étudier dans une de ses universités ?!). Depuis que j’ai refermé ce livre, je n’ai qu’une seule envie : prendre des billets d’avion et m’envoler pour Oxford afin de visiter, enfin, cette ville. L’auteur vend très bien cette ville.

Mais il est vrai que ce point est presque anecdotique dans cette très (trop ?) longue chronique. Pour autant, c’est un aspect qui m’a tout autant fait rêver que la romance toute mignonne entre Alice et Shane. Elle renforce presque le côté romantique de leur histoire d’amour en lui faisant prendre place dans un lieu qui semble idyllique, chargé d’histoire. J’adore et j’adhère totalement.

Conclusion.

Pour enfin terminer sur ce long avis sur un roman qui, au final, ne fait même pas deux cent pages, je dirai juste que, même si ce n’est pas un coup de cœur, Pierre feuille ciseaux a amplement rempli son objectif de me faire passer un très bon moment, de me vider totalement l’esprit, tout en me faisant rêver. J’en garde un bon souvenir.

Ecrit par Avalon