La chronique du roman « Izana, la Voleuse de visage »de Daruma Matsuura

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Et si vous pouviez prendre l’apparence de n’importe qui ?

Dans le monde d’Izana, il y a le dedans et le dehors. Le dehors, c’est tout ce qui s’étend au-delà des murs de la maison : le soleil, les arbres, les autres… tout ce qu’elle n’a jamais vu autrement que dans ses livres ou à travers les carreaux. Car depuis sa naissance, elle vit recluse, bien à l’abri entre quatre murs. Un jour, poussée par la curiosité, la jeune fille décide de braver l’interdit et de s’aventurer à l’extérieur. Bien mal lui en prend – elle comprend que son visage est si effroyable qu’il ne peut être montré au grand jour.

Car si d’ordinaire, la laideur n’est pas un crime, il règne dans le village une terrible superstition. Autrefois se seraient affrontées une sorcière d’une grande laideur et une prêtresse d’une grande beauté : la première, victorieuse, aurait volé son apparence à la seconde. Depuis lors, toute petite fille laide née une certaine année est tuée sur-le-champ, sous peine de porter malheur aux habitants. Cette légende est même le thème d’une pièce de théâtre qui se joue chaque été. Izana y découvre pour la première fois, dans le rôle de la prêtresse, sa propre cousine. Née la même année qu’elle, Namino a été épargnée grâce à sa beauté extraordinaire…

Jusqu’où iriez-vous pour obtenir la beauté du diable, pour prendre le visage de votre choix ? À quel point l’apparence d’un être influence-t-elle son destin ? Dans une petite ville à l’atmosphère envoûtante, où des légendes séculaires restent terriblement vivaces, une adolescente marquée par le sort décide de briser les chaînes de son destin.

Il est sorti le 18 mai 2017 aux Editions Lumen.

Mon avis:

Depuis des temps immémoriaux et suite à une légende locale, toutes les jeunes filles laides nées sous le signe du cheval de feu sont tuées. Elles seraient la réincarnation d’une Ogresse venue se venger et qui causera le malheur du village.

Chigusa Hirasaka, une infirmière, aide une jeune femme à accoucher en pleine nuit d’orage l’année du cheval. Elle met au monde un bébé dont le visage est laid, alors son destin est tout tracé. Chigusa et la mère de l’enfant ne peuvent se résoudre à tuer cet être si fragile et innocent. Dès lors, Chigusa l’emmène avec elle pour l’élever dans le plus grand secret.

Izana est une fille intelligente qui vit depuis toujours entre quatre murs, car il lui est interdit de sortir. Jusqu’au jour où la curiosité est trop forte. Elle est éblouie par l’univers qui l’entoure et qui s’offre à elle, mais sans s’y attendre, elle découvrira une vérité qui changera son existence à jamais…

Ce roman m’a agréablement surprise, même si je m’attendais à autre chose. Nous suivons au fil des pages la vie d’Izana, cette jeune fille pas comme les autres, née à la mauvaise année dans un village ou les superstitions ont une place importante. L’impact que ces légendes vont avoir sur cette jeune fille douce et naïve va être terrible psychologiquement surtout lorsqu’elle découvrira l’histoire de la malédiction. Elle ne sera alors que vengeance. Le rythme est lent, on suit les réflexions d’Izana sur sa condition, la beauté et la laideur et sur ce qui se dégage à travers les autres pour nous mener vers une fin inévitable qui était prédite. Le tout est écrit par un style agréable et prenant. On est facilement embarqué dans cette histoire fantastique à l’atmosphère envoûtante. Izana est un personnage touchant, l’auteur a parfaitement su nous faire ressentir toutes les émotions qui la traversent. On peut faire également le rapprochement avec notre monde et la place de ceux qui sont différents et qui ne correspondent pas au standard que nous dicte la société.

Pour conclure :

« Izana » est un roman intéressant sur le poids des traditions et de leurs conséquences avec une ambiance qui est propre aux histoires japonaises : poétique, envoûtante et terrifiante.

À noter qu’Izana est un livre sur la mère du personnage principal du manga Kasane.