La chronique du roman « La femme à 1000° » d’Hallgrimur Helgason

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Il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre dans un garage de Reykjavik, une cartouche de cigarettes, un ordinateur portable et une grenade nazie – mais elle ne s’est jamais sentie aussi bien. Elle, c’est Herbjörg María Björnsson, 80 ans. Entre le palais présidentiel islandais, la pampa argentine et Berlin bombardé, elle a vécu les pires heures de ce siècle fou, qui la rendit folle elle-même : de rage et d’amour. Et avant l’incinération a 1 000°, Herra, comme on l’appelle, a quelques mots à vous dire…

Il est sorti le 5 février 2015 aux Editions Pocket, 8.80€.

Mon avis:

J’ai une affection toute particulière pour les romans contemporains nordiques. Généralement, je fais souvent de belles découvertes comme avec les Katarina Mazetti ou L’armoire des robes oubliées de Riika Pulkkinen. J’avais déjà repéré ce livre lors d’une rentrée littéraire. La quatrième de couverture était ce qui avait attiré mon attention. En effet, l’histoire semblait plutôt décalée.

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C’est franchement le cas. C’est une lecture un peu loufoque qui m’a fait penser au roman de Jonas Jonasson, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, pour plusieurs raisons mais La femme à 1000° est également très différent.

La première chose que je peux souligner est que l’auteur a choisi de prendre un narrateur très âgé, qui a pleinement vécu sa vie. J’ai l’impression qu’en France, peu d’auteurs choisissent de prendre comme personnages principaux des personnages d’un âge très avancé. Pourtant, en ayant lu quelques romans avec de tels personnages, je commence à trouver qu’ils ont un sacré potentiel que ce soit comique, dramatique, pour faire passer des messages…

Dans ce roman islandais, Herra est une grand-mère avec un certain franc-parler. Ses pensées sont galopantes et elle évoque tous les sujets : la sexualité, sa vision du féminisme, ses amours, l’Histoire… Du coup, il est vrai que certains passages sont plus intéressants que d’autres. De ce point de vue, je déplore également que la chronologie ne soit pas toujours très claire. Pour le dire autrement, les flashbacks ne sont pas toujours bien insérés dans l’histoire. Mais, en même temps, cela va bien avec le fait que Herra se rappelle des souvenirs de manière sporadique, comme ils viennent.

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Alors que Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est drôle, loufoque, parfais incongru, La femme à 1000° n’est pas forcément dans cette logique. Déjà, il n’y a pas d’humour. Herra est définitivement un personnage intéressant. Elle a toute sa tête et, puisque nous avons accès à ses pensées intimes, à ses souvenirs, le lecteur se rend compte que cette dernière garde toujours une manière de s’exprimer franche et sans détour. Je dirai que parfois, cela crée un décalage car on ne s’attend pas à ce qu’une personne de son âge s’exprime ainsi. Je ne dirai pas que certains passages sont trash mais presque. Elle n’a pas sa langue dans sa poche.

C’est typiquement le genre de romans où il faut apprécier le personnage principal dès le début, aussi non la lecture risque d’être longue, surtout que La femme à 1000° est tout de même un sacré pavé. Je dirai que soit on aime soit on déteste, il ne peut pas y avoir vraiment d’entre deux. Malgré quelques petites choses qui m’ont dérangé, mon bilan est, globalement, positif. C’est un livre étonnant avec une grand-mère qui l’est tout autant. C’est clairement un personnage atypique, qui sort des sentiers battus, de ce qu’on a l’habitude de lire. Cependant, ce que je retiens surtout de ce livre, c’est la vision de l’Islande, entre richesse et pauvreté, entre modernité (l’Imagine Peace Tower) mais également beaucoup de traditions (la vie dans les fjords, la pêche étant encore centrale…), l’évolution de la place de la femme en Islande…

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Hallgrimur Helgason signe ici un roman certes dense, qui peut rebuter dans les premières pages mais il faut s’accrocher pour qu’il révèle toute sa beauté. C’est une lecture que j’ai apprécié mais que je ne qualifierai pas de coup de cœur.

Ecrit par Avalon